Pour ceux et celles qui auront la chance de croiser sa route, le premier album du duo caennais Portier Dean apparaîtra à coup sûr, aux côtés de Mermonte, comme l’une des plus belles (re)découvertes françaises de l’année. Conçu et enregistré patiemment, loin de l’urgence du présent (le groupe existe depuis 2012 et ses premiers EP datent de 2014), porté par une qualité d’interprétation remarquable, “Ancient Majesty” déploie un univers mélancolique, et d’essence folk. Le regard tendu vers l’Amérique (et vers les Canadiens d’Evening Hymns, accompagnés en tournée), slalomant d’un morceau à l’autre, Portier Dean arrive à nous surprendre tout au long de ces dix titres, entre climats slowcore et touches electronica.
Portée par le single “Pythia”, une odyssée haute en couleurs, et “A Carol” qui rappellera à certains les compositions à géométrie variable de The National, l’œuvre de Gildas Lemardelé et Gwendal Demeslay apparaît au fil des écoutes comme un disque-labyrinthe servi à merveille par la production d’Adrien Leprêtre (Concrete Knives). Jusqu’à “A Fool”, dernier et plus beau morceau de l’album qui, avec sa voix désarmée et son piano lumineux, dit en peu de mots toute la fragilité et la beauté de nos mondes intérieurs. Une ballade folk d’une rare sensibilité, que l’on se plaira à écouter en boucle.