Le hasard a voulu que “Laurent”, le nouvel album de It It Anita – groupe belge d’obédience noise-rock – sorte presqu’en même temps que “Joy as an Act of Resistance” de Idles. Deux disques qui se répondent dans leur manière de nous tendre la main et de jouer (très fort et très punk) des guitares avec l’immense conviction de venir nous aider à traverser au mieux l’immense chaos qu’est devenu le monde aujourd’hui. Et une fois passées les saturations du faussement calme “Denial”, placé en ouverture, on découvre une dizaine de titres dont l’efficacité électrique constitue l’une des plus belles choses à entendre pour ceux qui considèrent le bruit comme, justement, une ultime forme de résistance.
Mais si le déluge de distorsion se révèle ici particulièrement beau, c’est avant tout grâce à ce sens de l’écriture qui se trouve ici démultiplié par rapport au précédent disque de It It Anita. Après avoir pris quelques tartes en pleine figure avec “User Guide” et le très répétitif “Another Canceled Mission”, on découvre quelques compositions dont les ambiances complexes se révèlent assez vite un raffinement pour les oreilles. On retient “Tanker 2 (Part 2)” avec le monologue de Myriam Leroy sur fond de guitare acoustique faussement tranquille, ainsi que le très puissant “We Are Nothing” dont les orchestrations post-rock tutoient facilement la dernière grande période de Sonic Youth (à savoir, le diptyque “Murray St” et “Sonic Nurse”).
On se retrouve épuisé, un genou à terre, les oreilles qui sifflent mais heureux lorsque le disque se termine. On finit même par le trouver furieusement addictif, avec ses onze titres dont la puissance dévastatrice n’est pas sans rappeler Fugazi, Metz et tout un pan du rock bruyant des années 90. Une palette sonore prompte à remonter le moral de n’importe qui. Il convient aussi de rappeler qu’il est indispensable d’aller voir It It Anita se déchaîner le 12 novembre sur petite scène du Klub, à Paris.