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Disques

Stuart A. Staples – Arrhythmia

Stuart A. Staples - Arrythmia 

Troisième album solo seulement du chanteur des Tindersticks, et le premier depuis treize ans, “Arrhythmia” marque sans doute une date importante dans la discographie de Stuart A. Staples.

Fruit d’un travail de studio d’une année, le disque élargit sensiblement le spectre musical de son auteur et ne peut être perçu comme une simple parenthèse dans une histoire déjà longue, comme l’étaient ses précédents ouvrages solo. Et si assez naturellement le chanteur y creuse souvent le même sillon que celui de son groupe (voix souveraine, mélancolie portée par une riche palette instrumentale), il y ajoute pourtant une sensibilité toute particulière, touchant souvent à l’essentiel avec peu de choses : quelques notes de piano et de violoncelle au bord du vide, cymbales et percussions vibrantes, souffle et guitares au ralenti. 

Lente imprégnation du réel, suspension du temps, tension diffuse entre deux plages de calme, éclosion de motifs éclatants : telle une musique de film imaginaire, “Arrhythmia” convoquera bien des souvenirs et des fantômes, ceux de Debussy, du free jazz, ou de Talk Talk période “Laughing Stock”, notamment. Et nul doute que les dernières expériences scénique des Tindersticks, aux confins du cinéma, ainsi que leur collaboration au long cours avec Claire Denis auront nourri l’imaginaire de l’Anglais installé depuis plusieurs années dans la Creuse.
Mais il serait particulièrement injuste de résumer “Arrythmia” aux jeux des influences et des comparaisons, tant il recèle de beautés insoumises, et peu communes. Sa dissymétrie apparente (trois titres chantés de durées variables et un dernier entièrement instrumental, “Music for a Year in Small Paintings”, dépassant les 30 minutes qui, à la manière de ces longues plages du prog ou du krautrock au cœur des seventies, se révèle être d’une beauté proprement inouïe) ne laissera pourtant à l’esprit aucun doute : à partir de quelques motifs d’introduction, ce sont des paysages multiples que l’on traverse, un rêve éveillé qui emporte loin.
Le remède idéal contre l’oubli, pour accompagner les images tremblées du monde, et quelques mots de littérature. “Arrhythmia” est assurément une œuvre grâce à laquelle, comme l’écrit Sébastien Berlendis dans son récent et très beau roman “Revenir à Palerme”, « les jours vécus et rêvés s’accordent sans que l’on puisse les distinguer ».

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