La musique de Liz Harris se déploie doucement jusqu’à prendre la forme d’une immense bulle, une sorte de refuge où l’on se rendrait pour fuir toute l’agitation de ce monde. Elle chante d’une voix réverbérée qui se diffuse doucement entre deux notes de piano, donnant ainsi l’impression de voir au ralenti un fantôme qui viendrait subtilement nous hanter. Avec huit chansons qui durent tout juste vingt-deux minutes, Grouper traverse discrètement nos vies avec ce nouveau disque, « Grids Of Points », qui sonne une fois de plus comme un chef d’œuvre minimaliste.
L’écoute de « Grid Of Points » ressemble, paradoxalement, à un moment d’absence, où la concentration se porte sur chacune des notes, avec la volonté de ne jamais jouer celle de trop et de laisser le silence reprendre la place qui lui est dû. Liz Harris chante d’une voix éthérée, probablement moins masquée par les effets que sur ces précédents disques. Avec des compositions aussi minimales que « Thanksgiving Song » et « Birthday Song », Grouper réinvente une musique thérapeutique capable en un instant fugasse de chasser une mauvaise migraine.
On pourrait presque regretter la perte de la guitare et ces effets – ceux qui sculptaient de longs drones apaisants sur l’immense « The Man Who Died in His Boat » – au profit du piano, mais l’extrême simplicité de ces compositions agit comme une respiration, un temps où l’on peut enfin faire un pas de côté. Et quand les dernières notes du long field-recordings, disséminé en guise de conclusion, finissent de résonner, il ne nous reste que le silence à écouter.