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Disques

Tori Kudo – Live At Harness

Tori Kudo - Live At Harness

Il y a quelques années, le Tori Kudo se portait plutôt en version piano. Encore un peu avant, on ne le trouvait qu’en compagnie de madame, tant et si bien qu’on ne savait plus si on préférait Tori ou Reiko. Ces dernières années, le Kudo est plutôt guitare. « Live At Harness » ne déroge pas à cette dernière règle en date. Après « Enka Blues » parue en 2016, Tori revisite quelques classiques, plutôt inattendus évidemment, car si Captain Beefheart ne dépare pas dans la liste des favoris, on attendait peu Phil Phillips (quoique) et encore moins The Only Ones (et pourquoi pas) de Peter Perrett. Comme toujours, c’est pour ça qu’on est là, Tori Kudo nous régale de l’inouï. Un concert de Tori Kudo, ou de Maher Shalal Hash Baz, a cela de particulier : le public – voire les participants eux-mêmes ! – ne peuvent pas s’attendre à ce qui va suivre, y compris dans une forme donnée (le rock, les partitions de fanfare). « Live At Harness » (avec Mikiko Suzuki à la Jazz Master) nous surprend donc souvent, comme sur « This Is The Day », étiré jusqu’à plus soif et qui semble avoir été écrit par Tori Kudo pour l’occasion. C’est si bon de se laisser porter comme cela, d’entendre le free jazz infuser dans la pop. Je ne cherche pas à convaincre une fois de plus mais ceux qui apprécient la musique, la geste de Tori Kudo, trouveront beaucoup dans ce « Live At Harness ». Y compris dans ce « How Long will You forget Me », ici entendu sans le basson qui lui collait à la peau jusqu’à présent, presque reggae, touchant et bancal. Ou ce « Licking Up Dust » déjà entendu avec Reiko Kudo, ici un peu effrayant. C’est un disque qui chante l’amour un peu écorché, toujours à vif, avec les moyens du bord comme toujours.

Autre constante dans les sorties de disques de Kudo, c’est une œuvre d’amour dans la réalisation également car loin de tout coup commercial, c’est la passion qui l’anime avant tout. Le fan se mue vite en collectionneur, voire en petit producteur (je ne compte plus le nombre de mails échangés avec ce genre de personnages, toujours haut en couleurs et fortement sympathiques dont le dernier en date est un ancien de chez Yik Yak Records et l’un des heureux concepteurs du « Voyager Golden Record », qui sort bientôt en coffret de trois vinyles et dont on reparlera évidemment.). Alors la cassette éditée par Moone Records est soignée : une belle jaquette en carton recyclé gris, une sérigraphie avec une belle encre noire bien mate et des dessins de Kyle Daniels (le flacon de savon liquide de la pochette mais aussi les chouettes dessins de rongeur et de vase fleuri sur la cassette elle-même).

2018 est une année Kudo qui commence bien.

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