De Makeshift, on ne connaît rien ou presque. On doit cette découverte presque au hasard, ou du moins aux détours, à certains chemins empruntés sur les réseaux sociaux où l’on tombe sur une poignée de morceaux qui incarnent avec sophistication certaines belles idées que l’on se fait de la pop. Sur ce premier disque enregistré en Normandie, on entend des compositions doucement psychédéliques, faites de guitare claires, de synthétiseurs délicats, de basses précieuses et de voix qui portent en elles cette mélancolie que l’on ressent à la fin de l’été. Un sens de la mélodie qui n’est pas sans rappeler certaines productions de Captured Tracks, Beach Fossils en tête. De là à dire qu’il y a un pont entre Brooklyn et Caen, il n’y a qu’un pas.
Si l’on imagine aisément que ce premier disque a dû être écrit avec une guitare acoustique, probablement assis au milieu du salon, on constate bien évidemment que le résultat final, fruit de longues heures d’enregistrement, prend de l’ampleur avec des compositions plutôt solaires, classes et éclatantes. On avoue avoir une petite préférence pour « Lazily » qui tente un modeste détour du côté de Grizzly Bear alors que le côté soft-rock minutieux de « Surveyor » aurait presque de quoi rendre heureux les plus cyniques d’entre nous. Plus loin, les rythmes nonchalants de « Autobahn » évoquent le psychédélisme doux de quelques substances vaguement opiacées.
Lorsque résonnent les dernières mesures de « Wishful Shadow », on ne sait pas trop de quoi l’avenir de Makeshift sera fait, même si on imagine déjà que cette collection de vignettes entêtantes a de quoi se tailler une belle place au milieu des récentes productions hexagonales. Tour à tour indolente et lumineuse, cette pop spleenétique nous propose suffisamment de tubes pour endurer tout l’hiver.