Et Paf ! Nous voici directement propulsés dès la première seconde dans l’univers assez facilement identifiable de The Go! Team, et ce sans le moindre ménagement : un gros son dégueulasse plutôt festif où s’empilent des samples comme savent également les manier les Australiens de The Avalanches, une voix enjouée et presque enfantine qui semble s’approprier l’esprit des cheerleaders à sa manière (le terme de pom-pom-girl étant bien entendu à bannir), le tout saupoudré de quelques éléments de hip hop old school judicieusement placés. Dès les premières mesures de ce cinquième album, la formation qu’on pourrait aisément surnommer « la fanfarfelue » nous envoie dans la tronche une rythmique quasi martiale sur fond d’appel au secours en morse (d’où le titre « Mayday »), puis détourne immédiatement le thème de « Bonnie & Clyde » pour l’emmener vers un dancefloor survitaminé.
Mis à part le choix quelque peu étonnant d’une pochette rappelant l’esthétique Wes Anderson pour son aspect pastel et géométrique – remarque qui ne vient pas de votre serviteur -, la fine équipe emmenée depuis près de vingt ans par Ian Parton n’a pas opéré de grand virage. Elle reste en effet fidèle à son énergie communicative en nous offrant une nouvelle pelletée de feelgood songs telles que « The Answer’s No – Now What’s The Question? », l’un des tubes en puissance de cette nouvelle livraison qui, comme à l’accoutumée, donne l’impression d’entendre un mur du son spectorien compressé dans sa version grille-pain, ou encore « She’s Got Guns » qui rappelle clairement la genèse de cette formation unique en son genre, datant du début du siècle.
Bien évidemment, aucune des composantes de ce nouvel effort n’est révolutionnaire et l’ensemble ne tient que sur le fin fil du petit miracle précaire d’une recette bien rodée. Cependant, même si l’on est conscient de ne pas tenir là un chef-d’œuvre, il est permis de penser que l’on aura toujours l’air bien bêtasson d’arrêter de danser sur ces hymnes parfaitement crétins sous prétexte qu’on a remarqué un ou deux malheureux détails déplaisants voire décevants par rapport à un hit instantané comme « Ladyflash » (2004), qui avait ringardisé à l’époque tous les Fatboy Slim de la Terre en l’espace de quelques minutes.