Si vous avez acheté la biographie d’Erin Osmon sur Jason Molina, vous trouverez, aux pages 30 et 31, la description plus ou moins exacte de l’enregistrement de la première session radio de Jason Molina. On y découvre une sélection chronologique (incroyable pour l’animal !) de titres plus ou moins rares, période Bleem, soit du pré Songs:Ohia et du post Spineriders, le groupe punk rock dans lequel Jason jouait de la basse, dont certains (« 45 degrees », « Bath ») réapparaîtront sur « Impala » en 1998.
Soyons clairs, c’est du document pour fan hardcore. Le son y est infernal et le speaker passablement enfumé mais c’est ce qui rend l’objet amusant. Jason y joue du ukulele, un instrument spécial qui aurait cent ans, précise-t-il, mais qui reste sa marque de fabrique des premiers Songs:Ohia et de sa technique spéciale héritée de son passé de curieux bassiste chez les Spineriders. On y entend Molina se draper de son surnom de Sparky et interpréter une chanson prophétique : Ohio, prononcée Ohia, comme il se doit. Osmon affirme que dans la famille de Molina, c’était l’usage.
Si au premier abord, les interruptions/interventions sapent le disque, on aurait aimé, disons, voir les titres débarrassés des scories au moins sur le vinyle. En tout cas, on s’amuse à entendre Molina ne pas répondre aux demandes de covers des auditeurs (Black Sabbath, même s’il joue le début de riff de « Paranoid » ou « Wild Thing » des Troggs) ou se justifier de son éventuel culte au diable face à un auditeur (un ami déguisé ? un terrifiant new born?) qui s’excuse de ne pouvoir acheter ses disques s’il ne rejette pas, totalement, le diable car ”le heavy metal détruit la jeunesse de ce pays”. Néanmoins, l’appel fait (un peu) froid dans le dos, au regard du futur de Molina.
Une gemme termine le disque : « Farewell My Friend » annoncé comme ayant été écrit par Isaac Watts, même si c’est hautement improbable, en tout cas, belle ballade du XVIIIe siècle, tout à fait dans le goût du folk historisant des premiers Songs:Ohia. Le genre de merveille qu’on imagine Jason jouer avec son pote Alasdair Roberts le soir au coin du feu. Comme quoi Sparky avait du goût, pour les étrangetés et les histoires.
En conclusion, ce Live at WOBC oct. 12, 1994 n’est pas aussi passionnant que « Journey On, the Collected Singles », mais c’est un document intéressant pour les fans qui liront (ou auront lu) de bout en bout la biographie d’Erin Osmon.