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Disques

Philippe Crab & Antoine Loyer – Chansons Fraternelles

Philippe Crab & Antoine Loyer Crab & Loyer - Chansons Fraternelles Souterraines

Les artistes du Label Le Saule à l’instar de Facteurs Chevaux ou du Label L’Eglise de La Petite Folie leurs voisins en inspiration refusent d’accepter l’idée qu’une chanson est désormais un format figé et tentent de créer un pont entre la musique savante, la primitive et celle du futur. Philippe Crab et Antoine Loyer (mais pas que) tissent 20 « Chansons fraternelles » et hasardeuses.

Il n’est pas toujours chose aisée de rentrer dans l’univers des productions des artistes du label Le Saule. De June & Jim en passant par Jean-Daniel Botta ou encore Léonore Boulanger, on ne sait jamais trop où ces disques liquides et opaques nous transportent. A l’image d’un film qui n’aurait que faire de la narration ou de la péripétie, il ne faut pas venir chercher ici une ligne claire bien droite. L’âme est aux contours sinueux, aux méandres filandreux. Le plaisir est loin d’être exclu de ces écoutes mais il faut bien reconnaître que l’instant doit être correctement choisi afin de rentrer en communion avec ce patchwork étrange.

« Chansons fraternelles » ne déroge pas à cette règle.  De Philippe Crab, si l’on devait mettre en avant un de ses disques, ce serait sans aucun doute l’immense « Bestiaire » considéré par une poignée d’entre nous comme un chef d’oeuvre méconnu.  Antoine Loyer quant à lui joue avec la césure, travaille le découpage des mots et des rythme. Rien de surprenant donc à retrouver les deux ici. D’autant que c’est une habitude de voir les musiciens du label méler leurs voix, leurs chants et leurs inspirations du moment pour provoquer de grands frissons libertaires.

Ils sont sur « Chansons Fraternelles » épaulés par Borja Flames pour 20 chansons comme la réunion d’autant d’enregistrements couvrant une période de 2013 à 2016. Privilégiant la briéveté, Philippe Crab & Antoine Loyer déconstruisent une forme de haiku à base de quelque chose qui ressemblerait à de l’écriture automatique. Les mots perdent leur sens pour retrouver leur son, la faculté essentielle en somme.

On ne sait jamais trop où l’on est, du côté du Bénin avec une fanfare qui s’évertue à jouer un vieil air sur des instruments désaccordés, en Colombie sur les rythmes d’une cumbia éteinte. Cela n’empêche pas les deux de se rappeler que dans le jeu il peut y avoir de la joie. On ne pourra que conseiller l’écoute de l’étrange « Portugal » pour percevoir tout l’humour de ces messieurs.

Entre langue soignée et grand n’importe quoi, Philippe Crab & Antoine Loyer se plaisent à nous désarconner, citant ici Antoine De Caunes, là Soloviev. La grande qualité de cet ensemble, c’est de permettre aux deux univers distincts de ne pas se diluer mais de permettre à chacun de vivre en bonne intelligence ensemble. Les guitares dissonnantes de Loyer et les orchestrations transgressives de Crab, entre geste spontané et sculpture d’une matière.

Certains ne verront à cet ensemble abstrait auquel ils n’entendront rien ou pas assez, d’autres se laisseront déborder par la folie de ces 20 « Chansons fraternelles ». Ceux qui donneront son temps à cette oeuvre de hasard y trouveront bien des plaisirs inconnus.

Fraternelles, certes… Surprenantes assurément !

 

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