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Concerts

The Pastels et Temples, La Cigale, Paris, 6 septembre 2017

Une légende indé et de jeunes loups néo-psyché ont fêté les 30 ans d’une des plus belles salles parisiennes.

Pendant toute une semaine, la Cigale fête ses trente ans d’existence en tant que salle de concerts – sans doute l’une des plus belles de la capitale. Le mercredi, ce sont les Inrocks qui proposent une « party », après y avoir longtemps organisé leur festival. Ils semblent avoir voulu rassembler les lecteurs du bimestriel noir et blanc et ceux de l’hebdo d’aujourd’hui, dont la nouvelle formule renvoie d’ailleurs, esthétiquement, à la sobriété d’antan. La salle est plutôt bien remplie, même si le balcon est resté fermé.

Pour commencer, donc, The Pastels, mythe indie écossais formé au début des années 80 autour de Stephen Pastel, seul membre d’origine, qui porte toujours la même coupe au bol. Peu de disques, parfois imparfaits et hésitants, toujours infiniment précieux, de l’amateurisme dans tous les sens du terme (les principaux membres du groupe ont toujours eu une ou plusieurs activités extramusicales en parallèle), un esprit DIY qui a eu une influence énorme sur toute la scène indépendante, jusqu’à Nirvana.

Puis Temples, jeune quartette anglais qui a sorti récemment son deuxième album (trois ans après le premier), et qui ranime avec un souffle indéniable l’esprit du psychédélisme. Ils sont sans doute plus ambitieux que leurs prédécesseurs, ce qui n’est certes pas une tare. « Dressed for success », comme chantait Pavement, ils semblent vouloir conquérir un public plus large avec leur nouvel album, suivant un peu la même évolution que Tame Impala (plus de synthés, plus gros son, plus actuel). Des garçons sérieux et travailleurs qui ne doivent pas laisser grand-chose au hasard. A priori, tout sépare ces deux formations, jusqu’aux plus infimes détails : les setlists des Pastels sont manuscrites, celles de Temples imprimées.

Pastels 1

Pastels 2

Démarrant par le long instrumental “Slow Summits”, les Pastels jouent essentiellement leur dernier album (six morceaux sur les dix de la setlist), du même nom, pas vraiment récent puisque sorti il y a quatre ans. La formation semble similaire à celle de 2013-2014, à l’exception de la basse qui n’est plus tenue par Gerard Love, sans doute occupé avec Teenage Fanclub. Ces chansons douces et bucoliques, enluminées d’une flûte traversière et d’une trompette, montrent que le groupe a su évoluer – à son rythme, certes – vers des structures et des arrangements plus ambitieux, plutôt que de rester dans une ornière noisy pop lo-fi.

Pastels 3

Pastels 4

Les Pastels sonnent un peu plus pro qu’à une époque, mais leur activité scénique très intermittente les empêche de devenir des vieux routards perclus d’automatismes. Stephen, qui n’arrive toujours pas à parler au public et à s’accorder en même temps, foirera ainsi le début d’une chanson sans que ça gêne grand monde. Se souvenant qu’il avait joué ici même il y a près de trente ans à l’invitation du même journal (29 octobre 1988, avec les Weather Prophets et Durutti Column !), il tiendra à saluer un certain Jean-Daniel Beauvallet et à remercier Les Inrockuptibles pour leur soutien au fil des ans. La fin du concert marquera d’ailleurs un retour à cette époque, avec les classiques et géniaux “Baby Honey” et “Nothing to Be Done”. Trop court, sans doute (50 minutes), mais un bonheur rare. Pastels 5

Pastels 6

Pastels 7
Si Stephen Pastel porte toujours le polo rayé avec autant de classe, c’est revêtu de son habituelle veste noire cintrée et lamée, et avec des bouclettes rappelant le jeune Dylan, que James Bagshaw arrive sur scène, flanqué de ses trois acolytes. Pas d’intro atmosphérique, les quatre Anglais démarrent avec l’efficace “Colours to Life”, tiré du premier album dont ils jouent encore de nombreux titres. Un peu plus tard, quand le chanteur s’apercevra qu’il y a un problème avec sa guitare, il se contentera d’en changer pendant le morceau, le roadie lui en ayant promptement apporté une autre. Tout roule, et le light show est impressionnant, de quoi vous faire perdre 3/10e à chaque œil.

Temples 3

Temples 2

Temples rec 1 

Le public est dans l’ensemble plutôt jeune et féminin, mais on repère aussi des spectateurs qui pourraient presque être les parents des musiciens. Après tout, le son de Temples, qui emprunte pas mal au passé (avec tout le matos qu’il faut, notamment de superbes Gretsch), peut parler à plusieurs générations, et les fans de Syd Barrett, de Donovan, de Hendrix ou des Kinks ne doivent pas être trop perdus.

Temples 4

Temples 5 public

Temples 6

Maîtrise instrumentale (les solos ne sont jamais oiseux), sens de l’accroche (du riff de 12-cordes de “Shelter Song” au gimmick de claviers de “Certainty”) et de la mélodie : dans le genre rock à la fois pointu et grand public, c’est irréprochable. Les chansons des Pastels nous toucheront sans doute toujours plus, mais on espère entendre encore longtemps les rutilants singles de Temples à la radio, entre deux autres groupes de bien moindre talent.

Temples 7

Temples rec 2

Temples 9

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