Loin de moi l’idée de réduire un artiste à son origine géographique, mais il faut admettre que les musiciens Scandinaves possèdent un petit pouvoir pop spécial, qui fait hélas souvent défaut à leurs homologues continentaux.
Inconvénient de ce raffinement, en-dehors de leurs contrées ces groupes ne rencontrent qu’un succès limité ; c’est même parfois un choix de vie : les suédois Kent étaient promis à un avenir mondial radieux dans les 90s avec leurs brillants albums anglophones, mais ont alors décidé de revenir au chant dans la langue de Björn Borg, c’est-à-dire au suicide commercial. Le cas de la Finlande est le pire parmi ces pays du Septentrion : dénuée du hitmaking suédois et de la farouche insularité islandaise, elle n’avait jusqu’à présent que les métalleux genre The Rasmus ou Nightwish pour la représenter.
Et voici donc les Finlandais de Delay Trees. Dix ans d’existence, peu de concerts hors de Scandinavie, des débuts plutôt abstraits, slowcore et post-rock.
La faute à de gros soucis perso pour les membres du groupe et après une pause de trois ans, l’esprit de ce quatrième album est recentré sur les fondamentaux. Désormais ultra-harmonique, humble et accessible, arrangements straightforward et orthodoxie dans les compos, le quatuor ne prétend plus dépasser les frontières de la perception mais toucher droit au cœur.
Réussite totale, les 34 minutes de l’album passent comme un rêve limpide, sans le moindre temps faible ou ennui. Le tubesque « Brightest Eyes », les jangly « Black Ice » et « It’s Not Who You Are » évoquent avec simplicité et sans effort apparent le meilleur de Minor Majority, c’est-à-dire le sommet de la pyramide pop.
« Let Go », vraiment laisse-toi aller dans cette musique amie, tu peux baisser les armes et profiter simplement de ces chansons directes, composées et enregistrées juste pour te plaire.
C’est ça le cadeau de ce père Noël indie, oui il existe ! Son vrai nom c’est Rami Vierula et il n’habite pas à Athens, GA mais avec ses potes à Hämeenlinna.