Pour sa neuvième édition, le festival Beauregard, du 7 au 9 juillet à Hérouville-Saint-Clair près de Caen (Normandie), met une nouvelle fois tous les atouts de son côté. Soit un cadre enchanteur (surtout quand il fait beau), une atmosphère familiale et plutôt relax (deux scènes seulement, on peut donc tout voir sans avoir à courir d’un bout à l’autre du site), des animations gentiment délirantes (voir photo ci-dessous, prise lors de l’édition 2013), et une programmation peut-être moins pointue que dans d’autres rassemblements estivaux, mais suffisamment variée pour contenter tout le monde.
Beauregard a en effet de quoi faire communier deux, voire trois générations, en faisant venir Placebo (qui devrait surtout titiller la nostalgie de ceux qui étaient adolescents à l’époque de “Teenage Angst”), l’increvable Hubert-Félix Thiéfaine (qui sera accompagné par l’orchestre de Normandie : souffle épique en perspective), les revenants Midnight Oil avec le toujours impressionnant Peter Garrett (très en forme, d’après ce qu’on a pu lire), ou encore les rappeurs 90’s pur malt House of Pain qui devraient nous faire “jumper around”. Parmi les artistes davantage dans nos cordes, nous avons retenu quelques noms.
Warhaus (vendredi 7 juillet, 18h05)
Maarten Devoldere, l’un des deux chanteurs-guitaristes de l’excellent groupe belge Balthazar (programmé à Beauregard il y a quelques années), a sorti l’an dernier un album solo sous l’alias Warhaus. Soit dix morceaux naviguant entre les sonorités franches des sixties et celles, plus synthétiques et froides, des eighties, et dessinant un univers subtilement décadent, plein d’ironie et de faux-semblants, de paillettes et de néons blêmes. Plutôt habitué aux petites scènes, Devoldere devrait néanmoins être parfaitement à son aise devant quelques milliers de spectateurs, que son charisme et sa gestuelle à la Nick Cave envoûteront sans peine.
Metronomy (vendredi 7 juillet, 21h15)
Eux aussi avaient déjà joué à Beauregard, en 2012, et leur public était alors principalement constitué de lycéen(ne)s. On s’attend donc logiquement à être entouré d’étudiants et de “jeunes actifs” devant la scène Beauregard, aux dernières lueurs du jour. A l’époque de la sortie de l’album “Summer 08”, l’été dernier, l’hyperactif Joseph Mount (aujourd’hui père de famille) déclarait ne pas vouloir tourner pour pouvoir se mettre plus vite au travail sur le disque suivant. On est ravi qu’il ait trouvé un moment dans son emploi du temps pour venir à Hérouville, avec ses acolytes, nous régaler de son électro-pop parfaitement ficelée.
Iggy Pop (samedi 8 juillet, 21h15)
Iggy Pop, 70 ans en avril dernier et fraîchement nommé commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres (rock’n’roll !), ne semble toujours pas prêt pour la retraite. La tournée Post Pop Depression, au printemps 2016, avait vu l’Iguane célébrer superbement ses années Bowie. Formé autour du chef Josh Homme, son groupe d’alors était sans doute le plus brillant et affûté à l’avoir accompagné, en dehors des Stooges (toutes époques confondues). Quelques mois plus tard, un peu fatigué (même si on espère être comme lui quand on aura son âge !), c’est avec des musiciens plus ordinaires qu’il s’était produit à Rock en Seine, avec une sélection de morceaux plus variée piochant notamment dans les albums des Stooges. Au regard des récentes setlists, on espère entendre à Beauregard quelques chansons qu’il ne jouait plus depuis longtemps, entre les inévitables – et toujours aussi excitants – “I Wanna Be Your Dog” ou “Search and Destroy”.
Phoenix (samedi 8 juillet, 23h35)
Occupés à conquérir l’Amérique, les Versaillais, qui viennent de sortir le très ensoleillé et italien “Ti amo”, ne jouent pas si souvent que ça en France. Raison de plus pour ne pas les manquer, d’autant que d’après de récentes setlists, on peut s’attendre à une bonne partie de l’album “Wolfgang Amadeus Phoenix”… et, quels que soient les morceaux joués, à un moment euphorisant et musicalement impeccable, ces talentueux faiseurs de tubes étant de grands perfectionnistes.
Echo and the Bunnymen (samedi 8 juillet, 0h55)
A chaque édition ou presque, Beauregard se paie une légende britannique. Bonne pioche cette année. Certes, Echo and the Bunnymen n’ont pas sorti un album vraiment enthousiasmant depuis près de vingt ans, mais on devrait de toute façon avoir droit à un concert best-of revisitant l’une des plus belles discographies de la première moitié des années 80. Et une formation dont l’un des morceaux les plus mystérieux s’inititule “Nocturnal Me” devrait être dans un état d’esprit adéquat à une heure du matin. Espérons juste que la voix de Ian McCulloch n’ait pas trop souffert du poids des ans et des excès. En tout cas, si ce grand modeste affirme à propos de “The Killing Moon” ou “Ocean Rain” que c’est la plus grande chanson du monde, comme il le fait parfois, on ne le démentira pas.
Tinariwen (dimanche 9 juillet, 17h)
Il n’y a pas que la pop dans la vie ! Dans un cadre certes plus verdoyant que le désert qui a vu naître leurs blues puissamment électrifiés, les Touaregs de Tinariwen offriront sûrement l’un des grands moments de cette édition 2017. Transe garantie.
Michael Kiwanuka (dimanche 9 juillet, 19h10)
En deux albums, le Londonien né de parents ougandais a rejoint le cercle très fermé des songwriters qui comptent, et est déjà considéré comme un classique. Entre folk et soul, ses compositions ambitieuses et très orchestrées peuvent aussi lorgner du côté de Pink Floyd ou d’Ennio Morricone. S’il ne sera sans doute pas accompagné d’autant de musiciens et choristes que sur son disque “Love & Hate”, Michael Kiwanuka, “Black man in a white world” à la voix vibrante, devrait livrer un concert riche en émotions sur la scène Beauregard.
Egalement conseillés : Møme, Benjamin Biolay, N3rdistan (vendredi), Yak, Editors (samedi), Fai Baba, Foals, Jagwar Ma (dimanche).
A noter enfin, une nouveauté préliminaire cette année, sous l’intitulé “The Week before, John part en live”. Soit trois concerts intimes et intimistes à la Chapelle de la Drac, à Caen : An Pierlé le 28 juin, Fishbach le 29, et Mathieu Boogaerts le 30.