C’est d’abord sur les conseils d’un ami qu’on est allé tendre une oreille curieuse sur les disques de NLF3, en particulier l’immense « Ride On a Brand Time » et ses dix morceaux tendus, répétitifs mais, paradoxalement, presque dansants. Depuis, on a suivi les autres sorties, notamment celles en solo des frères Laureau, à savoir la pop savante de Don Niño et la musique répétitive et élaborée de F/Lor. De la recherche dans les atmosphères et des compositions que l’on retrouve aujourd’hui dans une tonalité plus brute sur « Waves of Black and White » dont l’enregistrement à la campagne a indéniablement influé sur l’écriture. Les titres parlent d’eux mêmes, « Fields », « Beaches », « Water », entre deux titres nerveux on est invité à venir contempler la beauté des choses simples.
Tout au long de « Waves of Black and White », on entend des phrases de guitare répétitives et anguleuses, des lignes de basse sombres et légèrement saturées, des synthétiseurs qui modulent quelques micro-tonalités dans l’unique but consiste à laisser une trace inconsciente dans notre esprit et une rythmique précise et hypnotique. Les arrangements sont bruts, mélodiques savants, mais aussi emprunts de petits instruments traditionnels déformés au gré des compositions – ici une kalimba passée au filtre de pédales d’effet, là un clavier étrangement paramétré. On ne se risquera pas à une analyse plus technique mais cette musique porte en elle presque tout ce que l’on a envie d’entendre aujourd’hui sur un disque de post-rock.
« Slow Flames », placée en guise d’introduction, nous immerge en douceur dans les méandres de ce nouveaux disques avant de laisser la place aux lignes électriques et aux basses bourdonnantes de « Sandy Path ». Surprise, « La marche secrète d’Aikiko » effectue un virage plus électronique, plus lumineux aussi, évoquant à la fois une promenade dans la nature vue chez Jiro Taniguchi et certains titres du précédent disque de NLF3, « Pink Renaissance ». Pour le reste, on vous laisse découvrir cette musique touffue, moderne par moment et fruste comme un vieux titre de Bastro à d’autres.