On ne sait pas grand chose de Payne, ce trio mené par la délicatesse de Joanna Lorho mais assurément, les sept titres de « Someone Is Missing » se suffisent à eux-mêmes.
En musique, il y a ceux qui affirment, qui s’affirment avec morgue et puis il y a ceux qui restent à la bordure d’eux-mêmes, à la limite du non-dit. L’univers de Payne est celui du murmure, de ces toutes petites choses qui font nos quotidiens, aussi mornes peuvent-ils être. Vous savez, ces frissons que l’on finit même par oublier, trop impliqués que nous sommes.
On a furieusement envie de prendre dans ses bras Joanna Lorho pour la rassurer, pour la protéger mais nul doute qu’elle n’aucunement besoin de nous, elle qui assume une mélancolie lumineuse. De celle que l’on court chercher dans les disques d’Anna Ternheim ou d’une Björk enfin Folk. Il ne faudrait pas pour autant se hâter de voir dans la musique de la jeune dame plus impalpable qu’elle n’y paraît de prime abord une énième posture misérabiliste. On pensera parfois à Agnes Obel pour cette même capacité à rendre ses compositions imprévisibles comme ce « September » qui chemine sur les terres d’un Penguin Café Orchestra, quand « The Wrong Boy », toute en troubles de l’humeur, nous emporte presque malgré nous. Il y a dans la musique de Payne un véritable sens du paradoxe, d’une tonalité à la fois sépulcrale et légère, d’une torpeur enjouée. « What I Deserve », par exemple, avec sa construction en boucle ne dépareillerait pas sur une production de la trop discrète mais très douée Anja Franziska Plaschg.
Sans vouloir tomber allègrement dans le raccourci par trop facile, est-ce dû au fait que la dame vive en Belgique mais l’on pensera à plusieurs reprises à An Pierlé pour ces mêmes compositions aériennes centrées autour d’un piano, comme ce « The Barn » ou encore « June », tout en tension fugace. Sans doute que Payne a su aller se nourrir à d’autres envies que la seule pop, comme par exemple du côté d’Azimuth, ce projet sublime conduit par Norma Winstone, Kenny Wheeler et John Taylor, enregistré sur le meilleur label du monde, ECM.
Le seul reproche, mais de taille, que l’on peut faire à ce disque, revendiqué comme un EP, c’est sa durée bien trop courte qui vient attiser notre curiosité mais aussi notre frustration. Du côté de la Belgique, une jeune femme, Joanna Lorho, bien accompagnée de deux messieurs, Corentin Dellicour et Stéphane Daubersy, crée les nouvelles couleurs de nos manques.