Il y a trois ans, les New Pornographers de Carl Newman paradaient aux commandes d’un « Brill Bruisers » euphorique et flashy, donnant un coup de fouet salvateur à une discographie qui commençait à présenter quelques signes d’essoufflement. Ragaillardi et bien décidé à poursuivre cette veine positive, l’ex-Zumpano rameute de nouveau ses troupes pour « Whiteout Conditions », un septième album sur lequel la power-pop aiguisée du groupe canadien a plus que jamais le regard tourné vers les néons de la pop synthétique des années 80.
Dan Bejar (Destroyer), accaparé par la réalisation du successeur de « Poison Season », a dû se résoudre à déclarer forfait, renonçant pour la toute première fois à participer à un enregistrement des « New Pornos ». Si l’absence de celui qui avait pris l’habitude de réserver quelques compositions de premier ordre pour chacune des réunions de la formation de Vancouver se fait forcément sentir, l’inamovible Neko Case est en revanche bien de la partie. Portant la bonne parole sur quelques-unes des plus belles réussites de l’album (« Play Money » en ouverture, « This is the World of the Theater »), la vigoureuse rouquine confirme ici sa forme olympique, moins d’un an après le délicieux projet « Case/Lang/Veirs ».
Tous signés de la main de Newman, qui se pose donc logiquement en unique meneur de jeu de cette dream team à géométrie variable, les onze titres de « Whiteout Conditions » font la part belle aux mélodies adhésives, là où « Brill Bruisers » misait avant tout sur l’urgence et sur l’énergie. Les sublimes harmonies vocales de Neko Case et de la claviériste Kathryn Calder, autre élément-clé de l’étrange alchimie du groupe, se succèdent et embrasent les imparables « Colosseums » et « High Ticket Attraction », nouveaux épisodes gagnants de la longue série d’hymnes power pop modernes délivrés par les New Pornographers depuis le robuste « Mass Romantic » (2000). On ne s’en lasse pas.