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Disques

Raoul Vignal – The Silver Veil

Raoul Vignal - The Silver VeilOn ne sait que peu de choses du lyonnais Raoul Vignal mais à l’écoute de « The Silver Veil », jamais très loin des Kings Of Convenience ou de Gareth Dickson, on a bien envie d’en savoir plus.

Raoul Vignal , cela ne vous dira sans doute rien mais il est fort à parier que le jeune Lyonnais, signé chez Talitres, sera dans nombre de classements de disques en fin d’année. C’est son premier disque et c’est une franche réussite. Bien sûr, quand nous ne sommes pas encore familiers du travail d’un artiste, il nous faut lui appliquer  des étiquettes et le moins que l’on puisse dire, c’est que les rapprochement avec Kings Of Convenience ou Gareth Dickson relèvent de l’évidence pour ce même sens de l’harmonie d’une guitare et d’une voix diaphane, pour ce même jeu en Finger Pickering. Une fois cela posé, il faut vite ajouter que le monsieur a un univers qui lui est propre. On entend chez lui une mélancolie soyeuse et lumineuse, des brumes caressantes de celles que l’on va chercher dans les disques de Vini Reilly.

Raoul Vignal pose en manifeste un « Hazy Days » en ouverture de « The Silver Veil » comme s’il choisissait de se mettre à la bordure des cartes, sur les chemins noirs, ces veines loin de toute civilisation. On baigne dans des limbes minimales assez proches du Matt Elliott de la trilogie « Songs » ou parfois d’un folk à l’anglaise façon The Incredible String Band. Il sera difficile de ne pas se rappeler de « The Hangman’s Beautiful Daughter » ou de Fairport Convention à l’écoute de « Mine » avec sa flute traversière comme échappée de vieux souvenirs celtiques.

Mais le véritable territoire de Raoul Vignal, il est dans un entre-deux,  à la croisée des chemins d’un Robert Johnson, dans les trains des Hobos, le pied sur deux frontières, en apatride, en voyageur d’un autre-temps, en retard sur l’horloge. C’est sans doute de là que naissent des merveilles  comme « One » ou « Under The Same Sky » qui s’affranchissent de toute notion de temps ou d’identité. On ne sait que peu de choses de Raoul Vignal et c’est très bien comme cela car en découvrant « The Silver Veil », on comprend bien cette nécessité d’effacement au seul profit de la musique, cette non-volonté d’être au centre. Car la musique se suffit à elle-même, car elle est suffisamment évocatrice sans avoir besoin de rajouter quoi que ce soit de plus. On perçoit chez lui une tentation instrumentale avec cette voix en arrière-plan, en dedans. Que cela soient sur « Side By Side », « Dona Lura » ou « Whispers », on retrouve chez le jeune homme une appétence  à sublimer les ombres avec ce quelque chose d’une mélancolie solaire héritée sans doute d’une connaissance des musiques brésiliennes.

Mais tout cela reste flou, comme une échappée nocturne qui ne laissera aucune place aux certitudes, un voile d’argent qui vient masquer les contours d’une réalité à oublier. Et puis ceux d’entre vous qui craindraient la linéarité d’une guitare sur toute la durée d’un disque, je ne peux que leur conseiller l’écoute du dernier Manuel Adnot Solo avec son projet Ueno Park ou encore du Lyonnais (tiens donc !) Jean-Louis Prades avec ou sans Imagho. Ceux qui lèveront le voile y découvriront sûrement un de nos futurs compagnons de solitude pour les années à venir.

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