C’est l’histoire d’une échappée en solitaire qui finit bien, celle de Thomas Boudineau, tromboniste des (toujours, encore) regrettés Hiddentracks d’Angil. Il a pris la plume, il a couché sur papier des mots, des mélodies qui parlaient de ce qu’il y a autour de nous. C’était une première Mostla Tape (« Esprit de conquête »), et vient le moment de l’album « classique ».
« Bouleversement majeur » : tout un programme. Est-ce que c’est bien le cas ? Honnêtement, non, et c’est parfait ainsi. Thomas Boudineau ne fait pas une musique qui fait tomber de la chaise, mais la justesse de celle-ci, sa simplicité apparente doublée d’une élégance rare, son talent de conteur unique méritent qu’on s’y attarde. C’est nous que Le Flegmatic évoque, nos faiblesses, l’érosion dûe au temps (« Dark » et un couple qui s’éloigne, « Mythes »), et il le fait bien. Pour cela, une base folk jamais pesante, parfois enrichie et toujours à bon escient (un harmonica piqué au « Harvest » du Loner sur “Les cannibales”, quelques choeurs toujours justes, des arrangements aussi discrets que pertinents), des mots jamais gratuits et choisis pour leur sens et non leur effet. Il fallait bien ça pour ces chroniques du quotidien (« Chez le boucher », “En voiture”), ces rencontres (« Tu es venue me parler », titre qui connaît ici une troisième forme, « Désert ») ou ces temps suspendus (« D’ici on voit les Pyrénées », d’ailleurs sans mots). Le temps s’écoule différemment sur « Bouleversement majeur », grand disque qui prend son temps, à la fois humain et parfaitement connecté à la nature (on y entend les oiseaux, on y perçoit l’espace, une respiration fort agréable). Pas si flegmatique que ça, le verbe acéré mais jamais méchant, Le Flegmatic signe une très belle oeuvre, à la personnalité affirmée.
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