L’anglo-finistérien Robin Foster revient avec un « Empyrean » riche, ample et beau comme les falaises des pointes de Pen Hir, du Toulinguet. On s’en doutait déjà un peu mais ce disque vient confirmer nos impressions, Robin Foster est bel et bien un impressionniste et un paysagiste des terres grandioses là tout au bout, à la fin des terres.
Robin Foster, on le côtoie depuis 1997 sans même vraiment s’en être rendu compte depuis 1997. Anglais venu se « perdre » du côté de cette enclave de France qu’est Brest à la pointe du Finistère. Très vite, il était de tous les projets, et plus particulièrement du groupe Beth avec lequel il fit ses premières armes, accompagnée de Gaëlle Kerrien au chant qui depuis a collaboré avec le Dale Cooper Quartet, Colin Chloé, Yann Tiersen ou Matt Elliott. En 2006, Robin Foster lance une carrière solo où le monsieur décide de ne pas décider entre ses penchants Post-Rock et des mouvances volontairement plus Pop. Il s’offre également une collaboration avec l’un des membres des inégaux Archive, Dave Pen, pour un disque brillant et coldwaveux à souhait, le projet We Are Bodies.
« Empyrean » est le fruit de ces expériences. On y retrouve à peu de choses près les mêmes territoires traversés jusqu’à présent par le britannique. De « Hercule climbs the White Mountain » qui ressemble tant aux falaises qui dominent son village d’adoption, Camaret-sur-mer à « Roma » comme les réminiscences d’un Cure combatif ou d’un Clan Of Xymos languide. Robin Foster cherche d’autres pistes comme sur « Everlast » et la voix boudeuse et si expressive de la Canadienne d’origine nigériane Ndidi Onukwulu alias Ndido O avec une pop métissée qui évoquera peut-être aux oreilles les plus affûtées les pistes empruntées par Melissa Laveaux sur son disque avec Anne Paceo.
« Empyrean » ramasse son propos dans des titres assez brefs, souvent instrumentaux mais habités d’une réelle énergie qui parvient à convaincre comme cet « Argentina » qui rappelle les derniers disques de la bande à Stuart Braithwaite. Ce qui est très fort dans la musique de Robin Foster, c’est cette capacité à retranscrire par minuscules impressions et autres inflexions dans le jeu de guitare des paysages imaginaires. Sans doute car l’univers de ce monsieur est d’abord une suite d’images. Sans doute, il n’y aura que les brestois pour comprendre ce clin d’œil au « Vauban » dans « Empyrean ». Vauban pour cette salle mythique de Brest où Foster a souvent joué. Il y a aussi chez le Brestois une tentation électronique, pour ne pas dire Trip Hop comme sur cette collaboration avec Pamela Hute sur « The Hardest Party », croisement batard entre Kate Bush et les Cocteau Twins.
Ce que dessine Robin Foster, ce sont des esquisses d’une œuvre, à l’image d’un peintre qui revient 30 ou 100 fois à son ouvrage, obsessionnellement, sans trop savoir où il va mais avec l’assurance de vouloir y aller.