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Disques

Invaders – Carnival of Sounds

Invaders - Carnival of Sounds

Sans abuser du rétro, deux Français au beau CV composent une B.O. imaginaire pour un film d’épouvante culte des sixties : bien joué !

Est-ce parce que son héroïne est organiste ? Toujours est-il que “Carnival of Souls”, cultissime série B d’épouvante sortie en 1962 aux Etats-Unis (visionnable en intégralité ci-dessous), n’en finit pas d’inspirer les musiciens, après les cinéastes – influence probable pour David Lynch et George Romero, entre autres. Il y a trois ans, les Américains de Pere Ubu composaient des morceaux pour accompagner des projections du film, avant de les rassembler sur un disque ; aujourd’hui, ce sont deux Français, réunis sous le nom d’Invaders, qui imaginent un nouveau score pour l’unique long-métrage de l’obscur Herk Hervey.

Les noms de Nicolas Courret et de David Euverte ne vous disent peut-être rien, et pourtant ce ne sont pas tout à fait des inconnus. Le premier a joué de la batterie chez pas mal de gens bien : Eiffel, Laetitia Sheriff, Bed, Fabio Viscogliosi, Olivier Mellano… Le second a apporté sa science des claviers et des arrangements à Dominique A ou Miossec, et signé quelques B.O. dont celle du “Nom des gens” composée avec Jérôme Bensoussan. Deux musiciens polyvalents, donc, représentatifs d’une génération qui saute allègrement les barrières entre les genres. En Thomas Poli (Montgomery, Psykick Lyrikah, Dominique A encore), réalisateur artistique de ce “Carnival of Sounds”, il ont trouvé le troisième homme idéal : un amateur de dissonances et de déviances capable de comprendre leur démarche et de sculpter leur matière sonore.

Si Invaders reprend – avec parcimonie – quelques dialogues du film, le duo n’a pas joué la carte du vintage, qui aurait consisté à écrire une bande originale telle qu’on pouvait la concevoir au début des années 60. Leurs compositions mixent plutôt les époques ; bourrées de références plus ou moins évidentes, faisant comme il se doit la part belle à l’orgue (“Organ Addict”), ou du moins aux claviers, elles évitent néanmoins le pastiche stérile. L’alliance sur certains passages d’une batterie puissante et de sonorités électroniques vintage rapproche forcément le duo de Zombie Zombie, tandis que les morceaux plus atmosphériques ne sont pas sans rappeler les vétérans de Tuxedomoon, qui ont eux aussi mis en sons quelques films cultes. D’autres sonnent comme des hommages réussis à John Carpenter (“Mary-go-round”), maître incontesté du genre, ou vont musarder du côté du rock planant à l’allemande, pas très loin de la deuxième face du “Low” de Bowie (“Safe and Sound”, en clôture faussement apaisée).

Ce bricolage inspiré, envoûtant (le “Main Title”, qui ouvre le disque et est repris un peu plus loin, séduit dès la première écoute), parfois angoissant, s’avère à la hauteur du film qui l’a inspiré. On espère que des ciné-concerts sont au programme !

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