Huit mois après « The Ship », Brian Eno revient avec un long morceau ambiant de cinquante-quatre minutes.
Une réflexion, un instant fugace où l’on improvise une musique sortie tout droit de notre cerveau, où chaque note s’arrange parfaitement avec la précédente. Un exercice difficile auquel Brian Eno s’est déjà maintes fois attelé, et dont il choisit de nous partager le résultat avec ce titre de cinquante-quatre minutes sorti avec la nouvelle année.
Il y a dans cette musique minimaliste intégralement composée sur un étrange synthétiseur, comme le sentiment de voir tomber les feuilles mortes à l’automne, avec notamment ce travail sur les silences et l’écho. « Reflection » ressemble presqu’à une évocation du rien, et pourtant, on y retrouve un nouveau rapport au temps, quelque chose de plus lent, plus présent. Plus on écoute ce disque, plus il nous semble possible de se rapprocher d’un état de sérénité, un abandon au profit d’une écoute approfondie.
Et puis arrive la fin de ce disque, avec comme retour à la réalité, l’impression d’être resté dans une bulle, hors d’un monde dont il faut maintenant reconsidérer les frontières. Ne serait-ce que pour se rappeler de l’impressionnante discographie d’Eno, et dont il ne faut pas oublier qu’il est toujours bon de sortir de tels arrangements minimalistes et ambiants après plus quarante ans de carrière.
Cette musique donne aussi envie de réécouter « An Ending (Ascent) », « By This River », « Golden Hours » ainsi que l’intégralité de ses collaborations avec le groupe Cluster. On ne sait pas si c’était l’intention initiale de Brian Eno, mais c’est un geste simple qui sonne comme une belle respiration.