C’est dans la plus grande salle du Rocher de Palmer que doit se produire le trio mancunien Gogo Penguin, que j’avais déjà fortement apprécié lors d’un passage dans la cale de l’iBoat un an et demie plus tôt. L’audience est ce soir de décembre bien plus copieuse, même si les 1200 places sont loin d’être toutes occupées. Ceci est d’autant plus le cas quand commence Anenon, première partie assez trip-hop aux teintes groovy qui ne me captive pas vraiment, malgré un son travaillé.
La suite s’avèrera forcément d’un tout autre calibre. Toujours articulé autour d’un piano agile porté par une section rythmique contrebasse / batterie inépuisable, Gogo Penguin a fait une prestation de très haut niveau, sans jamais tomber dans le piège de la démonstration technique. Certes, les musiciens, de Rob Turner à la batterie à Nick Blacka (contrebasse) ou Nick Illingworth (piano) font preuve d’un talent indéniable, insufflant rythme et énergie à des compositions qui ne souffrent d’aucune faute de goût.
D’inspiration jazz au premier abord, la musique de Gogo Penguin est irriguée de bien trop de styles pour l’enfermer dans une étiquette qui ne dit rien de sa richesse, de la pulsation électronique, des passages les plus ambient, tout en gardant cette habileté à changer d’atmosphère en un clin d’oeil. Les meilleurs titres de “V2.0”, second album paru en 2014 (“The Letter”, “Garden Dog Barbecue”, “Murmuration”), parsèment le set qui s’articule aussi sur “Man Made Object”, 3e album de la formation paru en 2016. “All Res”, “Unspeakable World” ou “Kamaloka” résonnent comme autant de tubes qui évitent toute prétention malgré une forme riche de toutes les aspirations du groupe. Il n’y a rien de superflu, rien de maladroit, et aucun passage instrumental ne tombera dans la démonstration vaine. Une heure et demie de set ne fera que confirmer cette impression initiale : Gogo Penguin joue dans la cour des grands, quelle que soit la case dans laquelle le groupe se trouve.