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Interviews

The Lemon Twigs – Interview

Un peu surgis de nulle part, les frangins D’Addario ont surpris leur monde avec leur pop à forte connotation 60’s et 70’s de leur groupe The Lemon Twigs. A l’écoute de “Do Hollywood” et au regard des influences digérées, il est difficile d’imaginer que deux gamins n’ayant même pas atteint l’âge de 18 ans sont aux commandes. Aidés par l’omniprésent et ex Foxygen Jonathan Rado à la production, “Do Hollywood” se révèle une agréable surprise. En interview, Michael est posé et répond le plus sérieusement du monde pendant que Brian est étalé sur un canapé et semble se réveiller d’une longue sieste à chaque fois que l’on s’adresse à lui. Son activité favorite ? Être en désaccord avec son frère.

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Beaucoup de gens vont penser que “Do Hollywood” est votre premier album. Hors vous avez déjà sorti un disque en cassette l’année dernière, “What We Know”. Que pensez-vous de celui-ci aujourd’hui ?

Brian D’Addario : Je ne l’aime pas du tout mais Michael si.

Michael D’Addario : Ce n’est pas si mauvais que ça. C’est un témoignage de nos influences passées. Déjà à l’époque nous ne voulions pas présenter ce disque comme notre premier album. C’est le premier enregistrement que nous avons réalisé ensemble.

Brian : On l’a enregistré sur Garage Band. Nous ne connaissions rien aux méthodes d’enregistrement, c’était plus de l’expérimentation qu’autre chose. Ça se ressent sur les chansons.

Michael : Oui, c’est plus une démo qu’autre chose.

Est-ce grâce à cette cassette que vous vous retrouvez signés chez 4ad aujourd’hui ?

Brian : l’album était déjà enregistré avant que nous ayons été signés. Le label nous a repérés à un concert.

Michael : On leur a envoyé des versions pas tout à fait bouclées et ça leur a plu.

Votre père est un musicien. De ce fait, vous a-t-il incité à jouer d’un instrument dès le plus jeune âge ?

Brian : Il n’y avait pas que lui, notre maman aussi.

Michael : A aucun moment ils ne nous ont forcé à quoi que ce soit. Ils ont rapidement compris que nous adorions la musique. Ils nous passaient régulièrement des films des Beatles quand nous étions gamins. La première chose que nous demandions le matin en nous réveillant était de regarder “Yellow Submarine”. Les disques des Beatles étaient également une obsession. Ils ont voulu nous encourager à jouer des instruments, et tout est parti de là.

Avez-vous fait partie d’autres groupes avant de fonder The Lemon Twigs ?

Brian : Nous avions un groupe qui a duré dix ans dans lequel nous ne faisions que des reprises.

Michael : Nous nous appelions Members Of The Press et nous postions des vidéos en ligne. On a commencé à jouer ensemble du CM2 jusqu’à la création des Lemon Twigs il y a 2-3 ans. Ça nous a aidés à développer l’alchimie entre Brian et moi.

Quel est votre mode de fonctionnement pour composer ? On a souvent l’image de collaborations difficiles entre frères. Etes-vous l’exception qui confirme la règle ?

Michael : Nous nous engueulons pas mal. On essaie de se respecter le plus possible quand nous travaillons ensemble sur nos morceaux. Nous savons dorénavant que c’est celui qui a composé le morceau qui a le plus de liberté pour partir dans la direction qu’il souhaite musicalement. Nous nous complétons, mais pour chaque titre, il y a un patron sinon c’est ingérable. Nous avons épuisé tous les gros sujets d’engueulade. Du coup, nous avons conscience des limites à ne pas franchir.

A l’écoute du disque, vous semblez avoir une passion pour la musique baroque. Je pense par exemple à des groupes comme The Left Bank. Est-ce que ce mouvement est une influence majeure ?

Brian : Nous sommes surtout de gros fans de la British Invasion.

Michael : Je prends des cours de guitare classique depuis presque dix ans, et je joue beaucoup de Bach ou ce genre de truc. Du coup ça a eu un impact évident sur ma façon de jouer, le choix de cordes etc. Mais oui, nous aimons énormément les groupes pop influencés par la musique classique. Mais pas que.

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De manière générale votre musique sonne vraiment moderne, mais on sent que beaucoup de vos influences viennent des années 60. Est-ce la période que vous trouvez la plus riche musicalement ?

Brian : Principalement les années 60 et 70. Mais je préfère les artistes aux périodes. Si tu prends l’exemple de Brian Wilson, il a quand même sorti des trucs pas trop mauvais même si la production sonne datée. Même Jeff Lyne a quelques bons morceaux datant des 90’s. Quand nous avons des obsessions, nous ne nous limitons pas aux périodes considérées comme les meilleures par les puristes.  

N’avez-vous pas peur que ces influences qui s’entendent dans vos chansons soient quelque chose que l’on vous reproche alors que la qualité et l’inventivité de vos chansons est pourtant évidente ?

Brian : (S’énervant) J’en ai rien à foutre. Des groupes comme Badfinger ou Big Star s’inscrivaient dans des genres de musique spécifiques. Des genres qui s’inspiraient des Beatles période « Rubber Soul » ou autre chose. Et personne ne leur reprochait comme on nous le fait de sonner comme les Beatles. Putain mais j’ai envie de leur dire de prêter attention à nos chansons plutôt qu’à des influences possibles. On ne reproche pas à tous les rappeurs de sonner comme le mec qui a créé le rap.

Michael : Ce n’est pas nouveau. Peu importe le groupe, quand tu lis des chroniques, les journalistes parlent plus d’autres artistes que des chansons de l’album en elles-mêmes. Mais bon, ce n’est pas bien grave.

Les arrangements et les cordes sonnent plutôt sophistiqués. J’imagine que l’album a été enregistré avec un budget limité. Pourtant vos chansons sonnent merveilleusement. Rêvez-vous un jour d’avoir un gros budget studio pour laisser libre cours à toutes vos idées, avoir un orchestre à cordes etc ?

Michael : C’est notre rêve. C’est pourquoi on va se battre pour la promotion de “No Hollywood” afin de le faire connaître à un maximum de gens. De cette façon, si le disque ne fonctionne pas trop mal, nous aurons un budget plus conséquent la prochaine fois.

Brian : Jusque-là nous avons essayé de faire du notre mieux avec le peu de ressources dont nous disposions. A l’avenir, enregistrer en analogique dans un super studio serait génial.

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Jonathan Rado, votre producteur et ancien membre de Foxygen semble abonné à l’excellence en matière de groupes avec qui il travaille. Je pense notamment à Whitney. Est-ce vrais que c’est lui qui vous a contacté sur Twitter ?

Michael : Et encore vous n’avez pas entendu des disques qui vont sortir dans les mois à venir. Mais cette rumeur est fausse. C’est nous qui l’avons contacté. Il habitait encore New York à l’époque et il s’apprêtait à déménager à Los Angeles. On a tout de même réussi à se caler un déjeuner ensemble au cours duquel il nous a proposé de produire l’album. Nous étions aux anges. Surtout qu’à l’époque nous étions des énormes fans de Foxygen.

Brian : Nous sommes probablement les plus gros fans de Foxygen du monde.

Michael : (dépité) ne dis pas des trucs pareils….

Brian : Mais si, nous le sommes. On a vu toutes leurs vidéos.

Vos titres partent dans tous les sens. Il y a des changements de tempo, de structures etc. D’où vous vient cet amour de chansons aventureuses ?

Brian : Des albums comme “Ram” de Paul Mccartney ou bien “Smile” des Beach Boys nous ont marqués par leur refus d’utiliser des structures classiques.

Michael : Ce sont d’énormes bosseurs, comme nous. Nous essayons toujours de ne pas nous laisser distraire pour arriver à nos objectifs. Parfois nous mélangeons deux chansons en une. C’est le cas par exemple pour “Baby Baby”.

Vous savez également aller à l’essentiel comme sur “How Lucky I Am”, juste en piano-voix, avec des harmonies vocales à couper le souffle. Avez-vous appris à chanter sur le tas ou bien prenez-vous les choses tellement au sérieux que vous avez pris des cours de chant ?

Brian : Nous répétons énormément.

Michael : A une période, nous participions à des comédies musicales. Nous avons donc pris des cours pour apprendre à préserver notre voix. Même maintenant quand je sens que je pousse ma voix, je me sers des techniques que nous avions apprises à l’époque.

Brian : Ouais, j’abime toujours ma voix malgré nos leçons.

Michael : D’autres cours de l’époque nous sont utiles pour les concerts également. On arrive à se bloquer sur notre performance sans être perturbés par aucun autre détail.

Brian : Nous n’avons pas besoin de ça Michael. Nous avons tellement été sur scène que nous ne ressentons aucune angoisse lors de nos concerts.

Vous passez tout votre temps à enregistrer. Vous avez un sacré stock de chansons non utilisées. La sélection a t-elle été difficile pour “Do Hollywood” afin d’arriver à une cohérence d’ensemble ?

Brian : C’était simple car nous n’avions pas enregistré grand-chose à l’époque.

Michael : On envoyait des maquettes au fur et à mesure à Rado. C’était bien d’avoir un avis extérieur. La majorité des titres présents sur “Do Hollywood” sont ceux qui l’ont séduit le plus.

A l’inverse, pour le prochain LP nous avons déjà un énorme stock de démos. Nous allons nous arracher les cheveux car il y a de quoi enregistrer au moins deux albums.

Le nom du groupe n’apparaît pas sur la pochette. Est-ce votre volonté ?

Brian : Il y avait le logo du groupe initialement, mais ça ne fonctionnait pas. C’est aussi un moyen pour l’album de parler pour lui-même.

 

Crédit photos : Michela Cuccagna

Merci à Sébastien Bollet

 

 

 

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