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Disques

YachtClub – YachtClub

 YachtClub - YachtClub

Ce jeune groupe tourangeau sort son premier EP sur le label Kshantu Records. Un recueil pop affolant d’ingéniosité et de modernisme. 

Décomplexer la pop sans tomber dans le sophistiqué n’est jamais chose aisée. La meilleure manière, souvent, est d’y arriver presque par hasard, lorsque l’on vient d’esthétiques farouchement lointaines. Les musiciens de YACHTCLUB, issus du jazz et des musiques improvisées, semblent être arrivés à l’heure pour inventer une matière sonore audacieuse. Leur premier EP, sorti chez Kshantu Records, se découvre comme un manifeste libre et dévergondé, un recueil de chansons nourries autant de rock indépendant que de library music, de musique lounge, de pop avant-gardiste.

Si le premier morceau, « Tchitty Tchatty Saloon », se pose d’emblée comme un tube décomplexé rappelant la noise dansante de Deerhoof ou Micachu and the Shapes, le reste du disque découvre beaucoup d’autres facettes, plus rêveuses et sensibles. « I.C », par sa simplicité mélodique et la manière de chanter, évoque ainsi énormément Stéréolab et Laetitia Sadier, autres tenants d’une pop aventureuse et très écrite. C’est cette sensibilité presque nue qui fascine le plus, dégagée de toute envie de démonstration. Souvent répétitives, les structures des morceaux ondulent sur des thèmes légers, avec des arrangements impressionnistes où le chant, anglais ou coréen, s’incarne très délicatement, sans jamais forcer le trait des arrangements. On est alors d’autant plus heureux de voir surgir des moments de folie inattendus qui ne se lassent pas de nous tenir en haleine (le spoken word de « Tole 2 », invoquant la manière de chanter de Patti Smith ou encore le très enjoué « YachtClub », mélange improbable de Devo, B-52 et Pneu).

On retient de cette écoute générale bien plus qu’une réussite de bricolage ; la musique de YachtClub est exigeante et foncièrement savante (le terme est à prendre dans toute sa noblesse). Mais c’est par le biais d’un enthousiasme et d’une spontanéité grisantes que se consomme ce kaléidoscope de cinq titres, dont la singularité et la fantaisie s’entraînent à des échelles de création vertigineuses. Ajoutez à tout ceci une identité visuelle très personnelle et travaillée, et vous obtenez un mini album proche de l’irréprochable dans l’effort de faire de belles et nouvelles choses. 

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