Depuis 2008, on envisage Cymbals Eat Guitars comme un groupe de rock indépendant prompt à écrire une poignée de belles chansons, où la sensibilité à fleur de peau se mélange plutôt bien avec un flux de grosses guitares saturées en provenance des années 90. Avec la sortie de “Lose” en 2014, ils rejoignaient une immense lignée d’artistes qui compte déjà Built To Spill ou encore Modest House.
Aujourd’hui, Cymbals Eat Guitars revient avec “Pretty Years”, et son ouverture avec un “Finally” tout en électricité abrasive avait tout pour rassurer. Mais allez savoir pourquoi, les mélodies changent du tout au tout dès le second titre pour se conformer à un son indie pop assez fade. Que l’on ne s’y trompe pas, on n’a rien contre des compositions qui reposent sur une combinaison basse-clavier avec des chœurs qui font « wouhouwouhou » pour coller à une certaine époque – les années 2010 pour faire vite –, mais il faut bien reconnaitre qu’au bout du quatrième titre notre attention retombe vite pour aller se perdre dans la tristesse et l’ennui.
Il faudra attendre la seconde moitié du disque pour que Joseph D’Agostino – le frontman de Cymbals Eat Guitars – retrouve de sa férocité avec une poignée de morceaux. Il y a d’abord “4thof July, Philadelphia (Sandy)” qui avance avec la morgue d’un tirailleur en première ligne. Ca se termine sur une note emphatique avant d’enchainer avec “Beam” qui pousse tout le monde sur son passage grâce à une guitare nerveuse dont la tension ne se relâche pas pendant deux minutes et quatorze secondes.
Les auditeurs les plus patients seront récompensés avec l’immense et final “Shrine”, sorte d’apothéose à l’emporte-pièce. Joseph D’Agostino y chante d’une voix hagarde, accompagné d’une batterie fatiguée et d’une vieille guitare syncopée. Puis le morceau décolle rapidement pour s’achever dans un déluge d’électricité distordue et bourdonnante qui fera éternellement le bonheur de nos oreilles saturées.
La transformation de Cymbals Eat Guitars ne s’opère pas complètement sur “Pretty Years”. Ca ira pour cette fois, mais en attendant un prochain disque, on préfère se repasser en boucle les fulgurances soniques de “Why There Are Mountains”.