Dans l’agitation de cette rentrée, on ressent le besoin de faire un pas de côté pour se plonger une fois de plus dans le songrwiting érudit de Ryley Walker dont le troisième album, l’immense “Golden Sings That Have Been Sung”, vient de sortir chez Dead Oceans. On y retrouve le fruit de cet artisanat boisé et légèrement psychédélique qui rappelle à l’évidence la musique de Tim Buckley. Là où “Primrose Green”, son album précédent, évoquait “Goodbye and Hello”, celui-ci, tout en restant dans les mêmes tonalités, enfonce encore davantage le clou pour s’approcher d’un chef-d’œuvre comme “Happy Sad”. On pourrait s’interroger sur l’intérêt qu’il y a à ressortir en 2016 des éléments de styles musicaux qui datent de 1969, mais on préfère plutôt vous parler de la beauté de ces arrangements folks teintés d’une légère touche jazzy – c’est l’effet de la contrebasse – que l’on peut entendre sur ces huit nouveaux titres. Cordes pincées de rigueur, basse mélodique et petit riff clair de guitare électrique, tout tient ici de l’orfèvrerie talentueuse, et même plus encore.
Ecouter “Golden Sings That Have Been Sung” produit toujours cet étrange effet, un mélange de langueur et d’excitation propre à une époque insouciante aujourd’hui révolue, mais qui nous charme encore. Les six minutes et trente-deux secondes de “Sullen Mind” deviennent rapidement obsédantes grâce à ces arrangements acoustiques qui évoquent le meilleur du folk anglais produit par Joe Boyd chez Elektra Records. Plus simple, l’arpège très classieux de “I Will Ask You Twice” laisse plus de place à la voix de Ryley Walker qui livre ici une interprétation personnelle et profonde, presque en apesanteur, avant de revenir immédiatement parmi nous. Si, dans le futur, on rouvrait une boîte qui contiendrait les disques représentant la fin de cet été 2016, il est fort probable qu’on y trouverait “Golden Sings That Have Been Sung”.