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Disques

Mona Kazu – Arguments With A Bird

Mona Kazu - Arguments With A Bird

Mona Kazu revient avec un second album , Arguments With A Bird  empoignant à bras le corps le temps musical pour lui faire rendre l’âme dans une énergie nouvelle.

 Comment ne pas se répéter en musique ? Peut-être qu’il faut cesser de mettre à distance ses influences car de toute façon, elles sont belles et bien là, on ne peut rien contre. Mona Kazu l’a bien compris avec ce second album, « Arguments With A Bird », trois ans après « Other Voices in Safety Places ». C’est dans une certaine urgence et une énergie que l’on pourrait qualifier un peu rapidement de Post-Punk que le groupe est allé puiser son envie de renouvellement.

« 23 » qui commence « Arguments With A Bird » résume à lui seul ce disque. Musique de dérive, de cassure, ces titres s’affrontent à la rupture rythmique. Une chanson de Mona Kazu est une forme qui se modèle, qui se malaxe et glisse entre les doigts comme du sable. C’est inconfortable, mouvant et parfois dérangeant. « 23 » commence en allemand et se termine en anglais. Le chant peut être affirmatif pour mieux s’effacer l’instant d’après.

« Hiding » est une constante évolution, on ne sait trop où l’on va mais on y va. On pense parfois à Anneke Van Giersbergen de The Gathering pour cette tension omniprésente dans l’interprétation. Attention à ne pas trop faire confiance à la météo  de ceux là dans Mona Kazu car à force de s’installer dans un confort aisé, on pourrait être désarçonnés par cette versatilité dans les climats. Une chanson de Mona Kazu, c’est les quatre saisons en 4 minutes. Un peu comme des mouvements, une déconstruction réfléchie. Ici apaisé et là noise. No Wave sur « Your Voice » ou épais comme un brouillard dans « Secret », les compositions de Mona Kazu sont tout à la fois, confuses et claires, apaisées et acerbes. Elles assument pleinement ces troubles de l’humeur, cette désorientation, ce côté déboussolé. On n’en finit pas de voir le bas du précipice se rapprocher, le vide attirant dans « The Fall » comme une épreuve sans angoisse car on a depuis bien longtemps dépassé le stade de la peur. Ce qui compte c’est la chute comme disait l’autre, pas le résultat.

Chez Mona Kazu, on sent également un intérêt pour les musiques venant du Metal comme sur « Laetitia »  qui évoque dans sa structure une sauvagerie singulière. On trouvera un peu de répit dans « Hiding- Reprise » avant d’aller se perdre dans un mirage sur « Island » tout en décloisonnement et en anarchie entre Slint et les ombres d’un Free Jazz. L’album se termine comme il a commencé dans une tension vrillée. De « I’m not that one » à « Argument », Priscille Roy rappelle dans la sécheresse changeante de son chant ce que Blonde Redhead proposait sur ses premiers disques.  Un rapport à la déconstruction et à la rupture avec la ligne droite, préférer la confusion à l’ordre. Être intense et sans limites. 

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