Quasi nouvelle venue dans le monde de la pop électronique, Anna Meredith a pourtant derrière elle une belle carrière de compositrice dans le monde de la musique classique. Son premier album « Varmints » est un véritable ovni, bourré d’idées toutes plus originales les unes que les autres. Nous avons profité de son passage en France et d’un concert épatant pour lui poser quelques questions sur son parcours inhabituel, les jeux vidéo et sa rencontre avec Goldie. Interview réalisée avec Eugene Brennan.
Comment l’album a t-il été conçu ? Avais-tu des idées préconçues ou bien un arc narratif ?
Anna Meredith : L’élaboration de ce disque était une sorte de compilation de mes techniques d’écriture. Je l’ai appelé “Varmints” (« Vermines » ndlr), car l’album souffre de ce que j’appelle une “vermine musicale”. Je reviens toujours aux mêmes méthodes de composition, à mes accords ou sons préférés, que ce soit pour des compositions pop ou de musique classique. J’ai donc décidé d’en faire un concept pour l’album. Concernant la narration, j’ai pour habitude de dessiner des cartes remplies de graphiques pour chaque titre, mais également pour l’album en tant qu’unité. Car il est important de laisser l’auditeur respirer. C’est en quelque sorte comme raconter une histoire, il y a des phrases-choc, des anticipations, des flottements.
Jusqu’à quel point as-tu travaillé les chansons avant de commencer l’enregistrement. Tu es souvent décrite comme quelqu’un aimant expérimenter, mais l’expérimentation induit souvent un degré de hasard, alors qu’à l’écoute, ta musique paraît formellement rigoureuse.
Je suis trop obsédée par le contrôle pour laisser une moindre opportunité au hasard. Chaque partie a été minutieusement écrite pour les musiciens. Les chansons étaient déjà bien avancées avant que je pense à la forme que je voulais donner au disque ou même à une cohérence d’ensemble. C’est vraiment intéressant d’être qualifiée d’artiste expérimentale car dans le milieu de la musique classique personne ne me considérerait comme telle ! On aurait plutôt tendance à décrire mon travail comme grand public ou trop accessible.
Passer du classique à la pop est-il quelque chose que tu avais en tête depuis longtemps, ou bien tu n’y as pas vraiment réfléchi ?
Pour moi, je n’ai pas réalisé de grand écart. Je n’ai jamais arrêté de travailler dans le monde de la musique classique. On ne peut donc pas parler de rejet. Mon approche de l’écriture est identique. C’est juste un projet que je voulais réaliser depuis une dizaine d’années. Ça peut paraître désinvolte ou prosaïque, mais enregistrer “Varmints” a demandé tellement de temps et d’argent, que je voulais à tout prix attendre d’avoir suffisamment confiance en moi et avoir de bonnes conditions pour l’enregistrer. J’aime composer de la musique de laquelle se dégage de l’assurance. Il m’a fallu du temps pour rendre justice aux chansons.
Tu as financé l’album toi-même. Etait-ce pour t’accorder plus de liberté ? Cela a dû également avoir pour conséquence indirecte de t’ajouter un peu de pression !
Oui, ça m’a donné de la liberté mais également apporté des restrictions. J’ai dû enregistrer la majorité des instruments dans mon appartement. Les prises de clarinettes et de violoncelles ont été effectués dans mon salon, sous les coussins de mon canapé pour diminuer les coûts. J’ai énormément de chance car, étant livrée à moi-même, personne n’a pu me demander de réenregistrer des parties qui ne leur auraient pas convenu. Je ne saurais de toute façon pas comment réagir à ce genre de contraintes. C’est pourquoi j’aime tout contrôler. Heureusement l’album a intéressé une maison de disque et il arrive même à générer un peu d’argent. « Varmints » est un aboutissement personnel car j’en ai maîtrisé tous les aspects. Il faut vraiment que j’arrête de parler de contrôle et de maîtrise car je vais passer pour quelqu’un d’obsessionnel (rire).
Tu nous as dit que tu voulais enregistrer ce disque depuis longtemps. Qu’est ce qui t’as donné envie de te diriger vers la musique électronique plutôt qu’un format classique guitare, basse et batterie ?
Parce que, de par ma formation, j’ai exclusivement en tête une approche de l’écriture liée aux instruments classiques. J’ai toujours envie de plus de volume, plus de sons. Même lorsque je regarde un orchestre jouer. Tout au long de ma carrière j’ai composé de la musique dont je confiais l’interprétation à d’autres personnes. Je restais à l’écart. C’est pourquoi je me suis orientée vers la musique électronique. L’intérêt principal étant que je peux composer seule et quand j’en ai envie et en gardant 100 % du contrôle. Me revoilà encore à parler de contrôle (rire). J’adore le son des synthés, surtout ceux des années 80 et 90. Contrairement à mes deux EP, il y a un batteur et un guitariste qui jouent sur l’album. Mais je n’ai jamais eu ces instruments en tête lors de l’écriture des chansons. C’était juste un moyen d’obtenir le son qui je recherchais grâce à une combinaison d’instruments. L’électronique me permet d’obtenir une palette de sons bien plus variée qu’une formule “guitare, basse et batterie”.
Certains sons, et même ton chant évoquent étonnamment la pop indépendante du début des années 80. En es-tu consciente ?
Je n’écoute pas beaucoup de musique en général, et encore moins lorsque je compose. Je trouve toujours des idées intéressantes dans la musique des autres et je finis par vouloir leur piquer leurs idées sans y arriver. J’ai beaucoup de titres pourris qui cherchent à imiter James Blake car j’étais obsédée par son travail à un moment. Je ne souhaite à personne de les entendre (rire). Donc si mon amour des sonorités 80’s ressort, ce n’est en aucun cas volontaire car je suis incapable de vouloir copier un style, que ce soit de la techno ou de la pop. J’ai, au contraire, toujours tenté de m’éloigner le plus possible de mes influences. Plus qu’une référence à une période, je recherche surtout des sons qui servent le mieux ma musique.
“Nautilus”, le premier titre de l’album est étonnant pour plusieurs raisons. Il est sombre et son intensité contraste nettement avec le côté plus léger et optimiste du reste de l’album. A la fin de la chanson, tu ajoutes un simple beat de batterie qui change complètement la perception du titre.
(Coupant la parole) Oui, c’est mon tour de force ! (rire)
Pourrais-tu nous en dire plus sur ce morceau, l’idée que tu avais en tête ?
Pour moi il y a un point commun à quatre ou cinq titres de l’album. “Dowager”, “Scrimshaw”, “The Vapours” par exemple. J’aime créer une ambiance qui donne une impulsion comme point de départ. Soudain un élément arrive et te déstabilise. Une batterie ou autre chose qui déstabilise l’écoute. A tel point que tu te demandes si tu avais bien prêté attention au morceau. J’ajoute, j’accélère, je ralentis. Pour “Nautilus”, je me suis servie d’une batterie, un beat le plus simple possible, pour qu’un instrument qui nous est familier paraisse être utilisé d’une façon surprenante. Je me tourne souvent en autodérision car à chaque fois que j’utilise cette méthode, je suis convaincue que je viens d’inventer quelque chose de nouveau et que je suis un génie. Puis mes amis me ramènent à la raison en me disant que j’abuse un peu de toujours utiliser les mêmes méthodes (rire).
Penses-tu écrire naturellement de la musique optimiste ou bien était-ce un choix conscient ?
Je trouve ma musique relativement joyeuse. Mais aussi sinistre, irrévérencieuse et un parfois peu idiote. Je ne suis pas dans la prétention. Je n’essaie surtout de créer de la musique tordue même si j’adore en écouter. Je prends par contre un malin plaisir à ajouter une sensation de menace. Je voulais un album puissant, mais pas déprimant du début à la fin. Il fallait de l’obscurité mais aussi de la lumière. J’ai également dû m’adapter à des contraintes. Ma voix ressemblant à celle d’une gamine de deux ans, certains titres ont nécessité une approche plus légère au niveau du son. Par contre les titres acoustiques sont plus introspectifs.
Ta musique semble se focaliser sur l’être humain. On pourrait même la qualifier d’humaniste. Par le passé tu as par exemple utilisé le corps humain comme instrument. Sur “Varmints”, en dehors des titres de chansons plutôt abstraits, les thèmes abordés traitent des relations sociales très humaines. Cette idée de la présence humaine au sein de ta musique est-elle importante ?
Je n’avais pas réfléchi sous cet angle. Je n’ai jamais cherché à être inaccessible ni à masquer mes émotions. Quand j’ai commencé à jouer en concert, j’étais seule sur scène, absorbée par mon laptop, sans même regarder le public. Avec du recul, je trouve ça stupide. J’ai envie de prendre du plaisir. Donc maintenant le laptop fait son job, mais en parallèle, je joue de la clarinette, de la batterie etc. Donc oui, il y a un désir de communiquer et d’être transparente qui s’entend dans ma musique. Je veux être certaine que l’auditeur le ressente, au delà des parties programmées et des calculs stratégiques.
Quel regard portes-tu sur tes deux premiers EP qui sont sortis plusieurs années avant ce premier album ? En es tu fière, ou bien les vois-tu comme une étape pendant laquelle tu cherchais encore des pistes ?
Beaucoup de gens m’ont demandé pourquoi autant de temps s’est écoulé entre ces EP et l’album. Mais il est important de prendre du plaisir à ce que l’on fait. Et en parallèle, ce n’est pas comme si j’étais restée à ne rien faire ! J’ai une carrière plutôt réussie et bien remplie dans le milieu de la musique classique. Cela demande du temps d’arriver au moment précis où tu envisages de faire quelque chose de différent, qui va t’apporter une autre satisfaction. Il faut avoir un réel objectif. Mais je m’égare (rire). Je suis très fière de ces deux EP. Aucun titre ne me fait honte. Je suis surtout fière de tout avoir géré seule et d’avoir mené ces projets à terme. Le premier EP a juste été enregistré avec un laptop, je ne chante presque pas. J’ai ajouté des instruments et plus de voix pour le deuxième. Il y a donc une progression entre eux, une prise de confiance qui m’a menée jusqu’à “Varmints”, même si cinq ans se sont écoulés. C’est étrange car j’ai par contre honte de certains morceaux de musique classique composés à mes débuts. Ils sont vraiment mauvais. Mais j’essayais de faire plaisir à mon entourage, de m’intégrer. J’avais à peine vingt ans. Heureusement que j’ai réalisé ces erreurs, car grâce à elles, j’écoute plus mon instinct et mes envies, je suis devenue plus déterminée.
Ta musique évoque parfois des modèles ou des idées inspirés de l’art visuel. Tu as évoqué précédemment ton envie d’éviter les influences musicales. Serait-il juste de dire que cette autre forme d’art influe sur ton travail ?
J’adore effectivement l’art graphique, les jeux vidéos et je réfléchis beaucoup en terme de visuels. Je parlais tout à l’heure de cartes, de dessins qui influent sur mon écriture. Mais par contre aucun mouvement ou artiste ne m’a influencé directement. Mais évidement, si j’aime un artiste, il est possible qu’involontairement un élément en ressorte dans mon travail. Ma sœur est une artiste. Elle réalise mes pochettes, s’occupe des visuels des concerts. Il y a donc des liens directs ou indirects qui interfèrent. Pour résumer, je résonne surtout en couleurs et en formes quand je compose. C’est pour moi plus important que de chercher de l’inspiration dans les arts graphiques.
En parlant de jeux vidéo, certaines parties du disque sonnent comme des jeux vidéos. Le morceau “R-Type” porte le nom d’un jeu d’arcade. Pourrais-tu nous dire pourquoi ?
Ce n’est pas une obsession. J’aime les jeux vidéos, mais je suis plutôt la personne un peu lourde qui regarde les autres jouer et leur donne des conseils (rires). Je préfère les jeux de plateau. Je suis un peu geek au fond de moi. Jouer aux « Colons de Catan » est pour moi l’équivalent d’une soirée réussie (rire). Je ne jouais pas beaucoup quand j’étais petite. De toute façon, je n’avais pas d’ordinateur.
L’album navigue entre des titres pop et d’autres beaucoup plus complexes, c’est d’ailleurs ce qui fait son charme. Même si tu n’écoutes pas ou peu de musique, est-ce le reflet de tes goûts musicaux ?
Tu me soulages en disant ça, car, si l’album est varié, j’ai eu des critiques disant que j’allais trop loin et que je m’éparpillais de trop. Alors que pour moi, tout est sous contrôle, il y a des fils conducteurs entre les morceaux. Même entre ceux qui sonnent différents. Tout vient de ma méthode d’écriture. Si l’on écoute superficiellement, effectivement le violoncelle sera omniprésent sur un titre alors que le suivant sera de la dance music. Mais les structures et les fondations sont pourtant les mêmes. Je construis des blocs qui s’emboîtent ensemble plutôt que des genres. Je ne cherche surtout pas à rentrer cocher des cases correspondant à des styles. J’écoute surtout des livres audio ou BBC4 quand j’ai du temps libre. La musique des autres n’a donc pas énormément d’impact sur moi.
Etais-ce la première fois que tu écrivais des paroles ? Quelle approche as tu abordé ?
C’était effectivement la première fois. J’ai déjà composé un opéra et sur les deux EP il y avait un peu de Céline Dion et une reprise d’Erasure. Si je suis honnête, j’ai surtout porté de l’importance à la musicalité des mots. Je voulais que mes textes soient syllabiques. Ecrire des paroles me sortait de ma zone de confort, j’ai donc opté pour un style relativement neutre. Chanter dans le style de One Direction n’aurait pas fonctionné (rire). Mon chant est donc légèrement en retrait, un peu tristes, même si juxtaposé avec une musique joyeuse. J’ai pas mal galéré quand même. Je ne voulais pas qu’elles soient trop chargées voir trop prétentieuses. Je m’en suis sortie en utilisant des syllabes très courtes. “Dowager” a été coécrite avec un ami, ça m’a pas mal aidé. Me lancer pour la première fois a été un travail d’envergure, mais les challenges ne me font pas peur. Au contraire, ils me stimulent. Il y aura peut être plus de vocaux sur mon deuxième album, mais cela nécessitera que je prenne plus de risques.
Il y a quelques similarités dans tes compositions et celle du compositeur Louis Andriessen. C’est intéressant car quand les critiques ont commencé à qualifier sa musique de minimaliste, il les corrigeait, préférant le terme maximaliste. On retrouve cet élément minimaliste qui fait parfois penser à Philip Glass ou à Steve Reich, mais ta musique est plus chaleureuse, on pourrait la qualifier de pop maximaliste. Qu’en penses-tu ?
C’est un très beau compliment. Les gens me parlent sans arrêt de Philip Glass alors que je ne pense absolument pas sonner comme lui. Sa musique est plus méditative, statique même. Si elle paraît parfois implacable, c’est avec une énergie maîtrisée. Alors que mes compositions ont toujours une direction. Je ne peux m’empêcher de les façonner. Mais je ne parlerais pas forcément de maximalisme, même si le son du disque peut le faire penser. Le rapprochement avec Andriessen est plus évident. Je n’affirmerai pas non plus être une compositrice minimaliste, mais j’aime trouver le bon motif, comme cette graduation chromatique dans “Nautilus”. Et parfois quand tu penses être arrivé à avoir trouvé une formule intéressante, il faut avoir le courage de ne pas en rajouter des couches. J’aime passer rapidement d’une idée à une autre, tenter des pistes. Ce qui en soit n’est pas très minimaliste.
Certains termes sont souvent employés de façon ténue, surtout “maximalisme”.
Exactement, on pourrait penser qu’il s’agit d’un son énorme, ou bien du contraire de “minimalisme”. La différence avec Andriessen est qu’il est “post-minimaliste”. C’est le genre de type qui joue de la musique classique contemporaine en utilisant des instruments de rock. Ce que j’adore avec le milieu musical actuel, c’est que tu n’as plus forcément besoin de te sentir rattaché à une scène. Tu vis ta vie de ton côté et soudainement tu es contacté pour jouer dans un festival de “Math-Rock” (rire). Une fois ta musique disponible tu attends de voir les réactions.
Tu as composé un concerto pour beatboxes, joué dans une station service, écrit un morceau joué uniquement avec des parties du corps. Composer un disque dans un format plus pop et en assurer la tournée n’est pas quelque chose qui te parait ennuyeux à côté ? Ou bien fais-tu une séparation entre les deux ?
Jouer en concert est quelque chose de récent pour moi. J’y prends beaucoup de plaisir. Nous avons seulement joué quelques date, il n’y a pas de lassitude liée à la vie sur la route pour l’instant. Nous allons beaucoup tourner cet été, il faudra que tu me reposes la question dans six mois ! Comme tu le soulignes, mes commandes pour les pièces classiques ne sont jouées qu’une fois alors que tu as travaillé six mois dessus. Ce n’est pas évident à gérer de savoir que tout ce travail ne laissera aucune trace, pas d’enregistrement, rien. Une heure de représentation pendant laquelle une partie du public regarde son téléphone et c’est plié. C’est pour ça que la tournée apporte une balance. Mais je ne me plains pas, on m’a demandé de travailler sur des projets dont je n’aurais jamais eu l’idée. Comme un concert avec cinq orchestres connectés par satellite, de la musique réalisée uniquement avec les bruits du corps humain. J’aime qu’on me propose des idées que je peux ensuite développer. Il y a un échange intéressant. Mais en ce moment je suis également contente d’offrir ce qui vient de moi à 100 %. Ça aussi, on en reparlera dans six mois (rire).
Il y a quelques années, dans le cadre d’une émission pour la BBC, tu as initié Goldie à l’écriture de la musique classique. Tu effectues aujourd’hui le trajet inverse, puisque c’est à ton tour de composer de la pop.
Il y a de plus en plus d’artistes qui collaborent avec des orchestres, ce que je trouve génial. A l’inverse des gens venant du classique tentent également de s’orienter vers un format plus pop. Goldie est un type incroyable, bourré d’énergie. Je devais le former pour qu’il puisse répondre à une commande de la BBC. J’étais son tuteur en fait. C’était une super expérience car Goldie est très créatif, mais aussi hyper drôle. L’émission avait aussi pour but de démystifier l’écriture classique, ce que je trouve être un excellent concept. Nous avons donc travaillé sur une pièce très simple. Mais il y a eu un gros travail accompli hors caméras. Nous avons tout composé de A à Z pour chaque instrument. Donc lorsque la composition devait évoquer la mer, il a fallu composer chaque note sensée interpréter le bruit d’une vague. A l’époque je n’avais pas encore commencé à travailler sérieusement sur la musique électronique, nous n’avons de fait pas évoqué ce sujet. Il n’a donc pas été une influence sur mon travail. De toute façon je suis plus une fan de Queen que de Goldie (rire). Je l’ai croisé récemment. Je ne pense pas qu’il sache que je mène cette carrière en parallèle. Je devrais lui envoyer mon album.