Pourtant pas le moins adroit des groupes de rock anglais de sa génération, The Duke Spirit n’est jamais vraiment parvenu à s’attirer les faveurs du grand public. Scandaleusement oublié par le succès de masse, le quatuor londonien continue donc à avancer dans l’ombre, pas vraiment du genre à s’avouer vaincu. Belle démonstration d’une opiniâtreté inscrite dans la durée, la carrière des Britanniques semble finalement se bonifier à mesure que s’érodent ses chiffres de vente de disques.
Entre aventures personnelles et projets parallèles, Liela Moss et ses compagnons ont su mettre à profit les cinq longues années qui nous séparent de leur dernière livraison en date, « Bruiser ». Revigoré, et même transfiguré, The Duke Spirit repart donc au front avec le soutien d’une poignée d’invités triés sur le volet tels que Terry Edwards (Gallon Drunk, PJ Harvey) et Sam Windett (Archie Bronson Outfit). Autre convive de choix, Mark Lanegan appose son timbre noirâtre sur l’introductif « Blue and Yellow Light », avant de donner la réplique à la princesse Liela le temps de l’envoûtant « Wounded Wing ».
Si elle a de nouveau fait appel, pour ce quatrième album, à l’ex-Cocteau Twins Simon Raymonde, qui l’avait aidée à enfanter l’inaugural « Cuts Across the Land » en 2005, la formation prend pourtant ses distances avec l’énergie rock incandescente de ses débuts. En effet, si « Sonar », « Anola » ou « Side by Side » portent encore les stigmates de la quête d’urgence passée, « KIN » est définitivement plus porté sur les ambiances que sur les riffs.
Enchaînés en plein cœur de l’album, « Here Comes the Vapor » et « Pacific » sont enfin deux petits miracles de dream-pop atmosphérique parfaitement dans l’air du temps, qui en disent long sur le chemin parcouru par le groupe. Loin du garage-rock fougueux mais inégal de ses premiers enregistrements, The Duke Spirit excelle désormais à installer des climats aériens propices à l’introspection. L’approche est donc moins frontale, mais le résultat n’en est que plus convaincant.