Archétype de l’artisan talentueux mais jamais tapageur, Frank Rabeyrolles continue de tracer son chemin, tantôt avec Franklin, tantôt avec Double U (c’est vrai ça, à quand la suite ?) et désormais sous son propre nom. Cette nouvelle peau (“Third Skin” est un titre de l’album, et l’EP annonciateur du présent album) lui va une fois de plus à merveille.
Commencé dans la douceur par “Window”, où les nappes de claviers prennent forme petit à petit aux côtés d’une voix passée au travers de filtres qui la rendent distante, le disque s’anime mais reste toujours dans un entre-deux atmosphérique. “Avalanche” ou “Phosphorus” accélèrent en effet la cadence, mais c’est plus une torpeur qui plane sur les morceaux, les recouvrant d’un voile qui ne se dissipe que rarement. Ils n’en sont pour autant jamais pénalisés, car c’est dans cet interstice entre nappes synthétiques et nuages bienveillants que l’on apprécie le mieux le travail sonore, la densité émotionnelle des titres, du superbe “Luminiscent” à l’habité “Lisboa”, en passant par les remous tranquilles de “Built to Swim” et “Weak Feeling”.
Le disque se referme en revanche sur une salve plus énergique, de “Opal” à “Something” : tempo plus enlevé, rythmique plus appuyée, Frank Rabeyrolles se montre tout aussi à l’aise dans cet exercice de collages sonores, avant une synthèse brillamment exécutée sur le final “Talk to Me”. Contrasté, toujours inspiré, « Built to Swim » est un disque qui flotte avec grâce.