Laurie Hulme fait des chansons sous le pseudonyme de Songs For Walter. Walter était le prénom de son grand-père, aujourd’hui disparu. C’est précisément l’histoire de ce dernier que le jeune songwriter, originaire de la région de Manchester, a entrepris de raconter à travers son premier album. De l’aveu même de Laurie Hulme, la démarche s’inspire de Lou Reed, qui consacra avec John Cale un disque entier à l’évocation de la vie d’Andy Warhol (« Songs for Drella », 1990). Ce beau geste de transmission de la mémoire familiale est illustré par une écriture à la fois modeste et chaleureuse, faisant souvent jeu égal avec les fines plumes de la folk-pop contemporaine (des Shins à Avi Buffalo en passant par The Spinto Band).
Le jeune homme délivre des petits trésors de fraîcheur et de simplicité, n’usant la plupart du temps que d’une guitare acoustique, de sa voix haut perchée et de quelques percussions pour rafler la mise. Lorsqu’elles se risquent à des climats plus électriques (« Useless », « Dunkirk »), les frêles esquisses de l’Anglais perdent un peu de leur ravissante fragilité. Cette quête temporaire d’efficacité prouve toutefois que le garçon a déjà le souci d’élargir sa palette, et que le soutien d’un véritable groupe pourrait lui ouvrir de belles perspectives d’avenir.
Qu’elles relatent le frisson du premier rendez-vous (« Meet Me at the Empire »), ou la solennité d’un jour de mariage (« Purple Blue »), ces treize compositions tendres et personnelles ont l’immense mérite de parler avec le cœur. A leur écoute, le nôtre n’en finit plus de s’emballer.