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Disques

The Callas – Half Kiss Half Pain

The Callas

Groupe formé il y a un peu plus de dix ans à Athènes, The Callas mène avec passion une carrière étonnante, façonnant l’image d’un collectif artistique aux collaborations impressionnantes (Lee Ranaldo, Jim Sclavunos entre autres). C’est ce dernier, croisé auprès de Nick Cave (Bad Seeds, Grinderman), Sonic Youth, les Cramps ou encore Lydia Lunch, qui est aux manettes du très beau “Half Kiss Half Pain”, album sorti cet hiver chez Inner Ear.

Sans surprise, on discerne rapidement la paternité de toutes ces prestigieuses formations adeptes de l’extrême : guitares en torsades noise, dissonantes, arquées sur des sections rythmiques solidement enfouies dans le sol, mélodies entêtantes, et une énergie radicalement punk, de ce punk austère et hiératique dont Birthday Party ou le couple Lux-Ivy furent les souverains.

Il serait néanmoins réducteur d’assimiler cet album à un hommage pathologique et déjà bu. Derrière cette première impression se cachent d’autres facettes, plus pop, raffinées et éclairantes, notamment certaines parties de chant et de chœurs dont l’harmonie et la délicatesse ne sont pas sans rappeler Yo La Tengo ou The Wedding Present (“It’s Sunday, I’m Bleeding”). Se discerne rapidement une écriture très nuancée, quoique un peu trop souvent noyée dans des radiations noise coutumières.

 

La richesse du chant est capable d’invoquer à la fois, d’un titre à l’autre, les exhortations noires du Nick Cave de “Let Love In” et celles d’un Lee Ranaldo jouant avec la pop du bout des lèvres. C’est cette capacité à brouiller les pistes qui induit l’instabilité de l’écoute, précieuse, évitant l’hommage officiel tout en le frôlant parfois de près.

L’album apparaît ainsi protéiforme, évitant la redite facile des ambitions post-punk attendues et prenant le temps d’articuler de manière décomplexée de nombreuses esthétiques – tel le titre “La Jalousie” dont les riffs frôlent l’hommage décomplexé à Sonic Youth, avant d’être pris à contre-pied par la candeur francophone du refrain et les manières presque Glam Rock des arrangements. D’autres titres, comme “Blue” et “River Drool Ear Rope”, plus lents et froids, écartent les bornes entendues et enrichissent brillamment la palette de l’album.

C’est cette décomplexion qui fait la force d’ensemble du disque, à l’image de l’identité du collectif, dont le travail confond musique et esthétique globale. On ne peut que saluer cette capacité d’imprégnation, qui donne à l’album sa générosité, avec tout l’art de la synthèse dont on peut disposer dès lors que l’étonnement guide l’écoute.

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