Suite au départ de deux membres du groupe, il était facile de penser qu’il n’y avait pas grand chose à attendre du nouvel album de Bloc Party. Pourtant “HYMNS” est un album de transition qui mérite qu’on s’y attarde.
Le deuxième album est souvent un passage compliqué de la carrière de tout artiste qui se respecte. Après avoir compilé le meilleur des compositions accumulées au fil des ans pour son premier disque, les délais sont souvent courts et la pression sous-jacente pour son successeur. Bloc Party avait passé haut la main cette étape qui définit souvent le reste de la carrière d’un groupe. “Week-end In The City” se délestait des influences parfois un peu trop pesantes de “Silent Alarm” pour s’orienter vers une pop bien plus noire et expérimentale. Ce goût de l’expérimentation le groupe ne le perdra pas sur les deux albums suivants. Mais alors qu’attendre d’ »HYMNS », leur cinquième album alors que Matt Tong et Gordon Moakes, membres fondateurs du groupe, ont quitté le navire ? Car c’est en quelque sorte un nouveau deuxième album auquel le groupe est confronté aujourd’hui. Il doit à nouveau prouver qu’il est un groupe qui tient la route et se retrouver une identité.
La solution de facilité aurait été de sortir un condensé de carrière pour limiter la prise de risques. Kele Okereke aurait eu à lui seul suffisamment de talent pour y parvenir. L’option retenue a plutôt été de brouiller les pistes. Si l’on est loin de l’évolution et des expérimentations qui rendaient chaque album du groupe bien distinct, “HYMNS” reste pourtant une surprise qui a de quoi dérouter. Le disque ressemble à une succession de morceaux sans grande cohérence, passant d’un style à l’autre. Mais attention, à aucun moment le groupe n’oublie d’écrire de bonnes chansons, certaines figurant même parmi les plus directes et accrocheuses de la carrière du quatuor. Ainsi “The Love Within” est un mix de pop et de boucle électro hypnotique, “The Good News” est baigné de guitares qui lorgnent vers les Etats Unis, “Fortress” est un titre réussi de soul moderne. Il en sera de même jusqu’à “Living Lux”, qui clôture le disque. Et ça fonctionne, à aucun moment l’auditeur ne se sent perdu ou lassé. L’autre particularité du disque reste la voix de Kele, mise beaucoup plus en avant qu’à accoutumée et qui elle aussi joue sur plusieurs registres. A tel point qu’elle devient rapidement l’un des atouts majeurs du disque, lui apportant nuances et subtilités. Il faut sans doute aller chercher l’explication dans le fait qu’il semble avoir été particulièrement inspiré par la soul au sens large.
Si “HYMNS” ne restera pas comme le chef-d’œuvre de Bloc Party, il faudra provisoirement laisser tomber la course à la nouveauté et les préjugés, pour lui laisser le temps de se dévoiler. Il serait dommage de passer à côté d’un disque qui se place au dessus de la mêlée de la production d’une bonne partie des derniers groupes indés.