En 2013, Neil Brogan quittait ses camarades de Girls Names afin de présider exclusivement aux destinées de Sea Pinks. Envisagé initialement comme un simple projet solitaire pour le songwriter de Belfast, le désormais trio devrait voir sa cote grimper en flèche à la faveur de ce nouvel album. En effet, si le précédent « Dreaming Tracks » (2014) était déjà un recueil indie-pop de très bonne facture, son successeur frôle carrément l’excellence.
Les onze titres ici présents semblent résumer, de façon plus ou moins intentionnelle, plusieurs décennies d’écriture pop sincère et affûtée. Ainsi, les compositions évoquent la simplicité fougueuse de la scène neo-zéalandaise des années 80 (« Ordinary Daze »), les arpèges tintinnabulent avec une évidence digne du meilleur des Smiths (« Depth of Field »), tandis que l’on distingue dans la voix de Brogan des intonations proches de celle du vénérable Lee Mavers (The La’s). Il y a par ailleurs, dans ces guitares au jeu clair, quelque chose d’à la fois rayonnant et légèrement voilé qui laisse supposer un attachement à la Californie néo-psyché du Paisley Underground (« Trend When You’re Dead »).
Contrairement à bon nombre de nouveautés sans intérêt, qui finissent par tomber aux oubliettes après quelques semaines en dépit de relais médiatiques aussi appuyés qu’immérités, cet adorable « Soft Days » ne pourra compter que sur le bouche-à-oreille pour se faire un nom. Il faudra donc vraisemblablement un peu de temps, mais cet album parfait de bout en bout finira à n’en pas douter par être traité avec les égards dus à son rang. Un petit classique en puissance.