Ah Malmö… 3e cité suédoise (à peine une sous-préfecture française), berceau de Zlatan, qui souffre de sa proximité avec Copenhague. Malmö c’est presque le continent. On n’y fait que passer. Certains y restent et c’est un geste artistique : c’est le cas de Carl Johan Lundgren, artisan pop local, patron de Vit Päls et ayant sabordé son groupe après le troisième album, « Ägd« . Pour les suédophones et les googletraducteurs, les info sur les dix ans de Vit Päls sont là.
D’accord, l’album « Avancerad Magi« est sorti l’an passé mais, à part nous, qui pourrait vous prévenir de la renaissance de Lundgren sous l’alias Laser & Bas ? Lundgren est l’équivalent pop des Mankell, Olivier Truc, Camilla Läckberg et autres auteurs de polars à la suédoise, les meurtres sordides et la tentation de faire couleur locale en moins. Carl Johan Lundgren EST la couleur locale et si meurtres il y a, c’est sur le dancefloor.
Dansa så (danse comme ça):
À chaque fois que Lundgren publie un nouveau disque, ses petites chansons d’amour débiles (« Lite fånig kärleksång« ) me parlent de la Suède plus que n’importe quel mauvais roman. Je me jette dessus sans même l’écouter et je suis rarement déçu. Quand il joue, même si c’est toujours un peu raté, j’y vais. Parce que touchant, parce qu’amusant, parce que hyper lo fi.
Comme sur « Ägd« , Lundgren et son complice, le bassiste Ola Johanson, nous la jouent ici plutôt électronique. On a déjà comparé la trajectoire de Vit Päls à celle d’Hefner, on est ici à la même charnière, changement de nom compris, entre l’album « Dead Media« et The French. Avouons quand même que si Laser & Bas n’est toujours pas professionnel, les musiciens font moins bande de potes que dans Vit Päls et ça joue sérieux (la batterie surtout).
Laser & Bas combine aussi une chouette tendance à la disco pop tranquille, guitares clairettes et influence afro (la Graceland’s touch). Sur « Längtar« (attend), on est même dans de la rumba suédo-congolaise qui fleure bon le rhum coca acheté au System Bolaget du coin.
Mais ce qu’on préfère peut-être, c’est « Samma Snack« (même blabla), dans lequel Carl Johan, en duo avec Alice Boman, assume son côté performer crooner ringard jusque dans un clip (sous-titré en danois).
Samma snack :
Le dialogue donne un truc sur le mode : « Lui : Tu sais, on devrait peut-être se réchauffer ? Elle : Oui, il pleut. » Ça, c’est vraiment la Suède. Ça n’a l’air de rien mais ces échanges entre propos sur la météo et sentiments c’est toute la patrie de Bergman en quelques phrases.
Pour ceux qui veulent voir à quoi l’alt Malmö ressemble, on conseillera de regarder le clip de « Hello Baby« documentant la réalisation d’un projet artistique de création dans une pièce souterraine genre bunker.
On lisait récemment que Jens Lekman avait proposé à Carl Johan de jouer dans son groupe, il y a quelques années, et que le Carl Johan avait décliné, ne sachant pas si c’était du lard (vegan) ou du cochon (à la protéine de soja). Avouons que l’idée d’une collaboration entre nos deux génies nordiques nous a fait rêver et… rire ! D’abord parce que Carl Johan est le double de Jens, version vilain petit canard mais surtout parce qu’on se demande bien lequel aurait gagné le plus à cette association. On aurait parié sur le perdant magnifique, bien sûr.
Alors que Laser & Bas sort son tout nouvel EP, « Ciao Satan« , sur Spotify et revendique davantage son esthétique camescope (« Hot Daang« ) et pixel (« Diggidibao« ), on préfère les subventionner directement en leur achetant un exemplaire physique (comme on dit) de leur premier album, « Avancerad Magi« chez Luxury Records ici.