A l’image d’autres glorieux vétérans (Robert Forster, Roddy Frame, The Chills…) dont les récents travaux ont renforcé encore un peu plus l’aura, Pete Astor possède une place de choix dans notre panthéon musical. Cependant, recevoir des nouvelles de l’un de nos inamovibles totems pop s’accompagne nécessairement d’une pointe d’appréhension. L’acoustique « Songbox », dernier coup de maître signé par le fondateur de The Loft et The Weather Prophets, tutoyait de tels sommets d’artisanat pop-folk que nous pouvions légitimement redouter que lui succède un petit essoufflement, une légère déception. Il aura heureusement suffi de quelques écoutes attentives de ce « Spilt Milk » fait maison, pour que s’évaporent nos craintes.
Avec l’assistance de l’un de ses plus brillants disciples, le très actif James Hoare (Veronica Falls, The Proper Ornaments, Ultimate Painting), le songwriter présente une dizaine de chansons simples et racées, se distinguant encore et toujours par leur élégance et leur sobriété (« Perfect Life », « Good Enough »). Optant pour un parti pris électrique et faisant d’abord regretter la subtilité boisée de son prédécesseur, ce nouvel opus en forme de retour aux sources permet de mesurer une fois de plus ce que l’œuvre du Londonien doit aux enseignements fondateurs du Velvet Underground (« The Getting There »). D’une fraîcheur insolente, « Spilt Milk » martèle également l’ascendance des chansons de Pete Astor sur toute une génération de groupes et artistes essentiels, de Belle & Sebastian à Darren Hayman, en passant par The Wave Pictures (« Really Something »).
Recourant à son parlé-chanté caractéristique sur un single à la mélodie imparable (« Mr Music »), puis empruntant la fluidité rythmique des Feelies le temps d’un hommage aux vertus des plaisirs solitaires (« My Right Hand ») avant de conclure l’affaire par le biais de l’une de ces leçons d’écriture pop dont il a le secret (« Oh You »), Pete Astor endosse avec classe son rôle de parrain de l’indie pop britannique. Irrésistible.