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Iron and Wine & Ben Bridwell – Sing Into My Mouth

Iron and Wine & Ben Bridwell - Sing Into My Mouth

Band of Horses et Iron & Wine ont en commun bien plus qu’une simple coloration musicale. Ces formations, étendards contemporains d’un indie-rock soucieux de cultiver ses racines country-folk, ont en effet partagé le même label (Sub Pop), tandis que leurs leaders sont tous deux originaires de l’Etat de Caroline du Sud. Entendre Ben Bridwell et Sam Beam, deux des plus belles voix (et plus belles barbes !) de la scène américaine, unir leurs forces pour cette collection de reprises n’est donc pas tout à fait une surprise. « Sing into my Mouth » (en référence aux paroles de « This Must Be the Place » des Talking Heads, qui ouvre l’album), est autre chose que le seul projet récréatif d’un duo de musiciens à la notoriété déjà bien établie. Produits par Beam, les douze titres ré-imaginés ici témoignent de la complicité sincère qui unit de longue date les deux artistes. « Sing Into my Mouth » permet aussi de mieux cerner les influences communes qui ont pesé sur la conception de quelques-unes des plus belles réussites de ces dix dernières années, au rayon folk-rock alternatif.

Le ton délibérément crépusculaire, renforcé par l’usage récurrent d’une steel guitar, donne parfois à l’album des allures de peinture historique inspirée des grandes heures du folk-rock américain. Une vibration très 70’s parcourt ainsi « Any Day Woman » (Bonnie Raitt), « You Know More Than I Know » (John Cale) ou un « Magnolia » emprunté à J.J. Cale et dont les échos semblent résonner à l’infini dans le soleil déclinant. Ce sont néanmoins des choix moins évidents, réservés à des chansons plus récentes et, a priori, plus éloignées de l’univers habituel de nos deux protagonistes, qui rendent l’affaire vraiment intéressante. Le spleen délavé de « God Knows (You Gotta Give to Get) », créé par la Suédoise El Perro del Mar, renaît ainsi en se parant des atours caractéristiques des œuvres les plus récentes d’Iron & Wine.

Puis le tandem s’attaque à la pop orchestrale de Spiritualized avec « The Straight & the Narrow ». La version qu’il en propose est certes moins solennelle, mais tout aussi vibrante que l’originale du groupe de Jason Pierce. Ben Bridwell se révèle alors très convaincant dans un registre vocal vulnérable plutôt inhabituel. Son interprétation marque également les esprits sur le final en lévitation, « Coyote, My Little Brother » (Pete Seeger), dont la trame instrumentale porte ostensiblement la griffe d’Iron & Wine. Au passage, on se prend à frissonner en imaginant ce que pourrait offrir un album de Band Of Horses confié aux mains expertes de Sam Beam.

Avouons-le, dans le parcours de nos musiciens préférés, les disques de reprises s’apparentent trop souvent à des parenthèses anecdotiques. S’ils suscitent toujours un peu de curiosité, leur utilité se résume la plupart du temps à maintenir le fan en éveil jusqu’à l’arrivée de nouvelles créations originales. En cette rentrée, deux albums du genre (celui-ci, mais aussi le réjouissant « Stuff Like That There » des vétérans Yo La Tengo) nous invitent pourtant à réviser notre jugement. Tous deux sont indispensables.

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