Jusqu’ici, pour beaucoup d’entre nous, Samantha Crain n’était qu’un nom de plus sur l’interminable liste des filles du folk américain. Son précédent album « Kid Face » (2014), le premier à bénéficier d’une véritable diffusion européenne, nous avait caressé l’oreille sans que nous ressentions une envie réelle de nous y attarder. Son quatrième essai, « Under Branch & Thorn & Tree », pourrait cependant lui permettre de sortir magistralement du lot. Samantha Crain a envisagé ce disque comme un recueil de chansons contestataires, adoptant le point de vue des laissés pour compte de l’Amérique moderne (“You and I, we tell stories the TV won’t release”). Ses dix vignettes poétiques sont infusées d’une ambiance laid-back comparable à celle d' »Harvest » de Neil Young, un artiste dont la demoiselle reprenait d’ailleurs il y a quelques temps le classique « Tell Me Why ». Dire que la musique de Samantha Crain évoque aujourd’hui celle du Loner des 70’s ne suffirait toutefois pas totalement à rendre compte des immenses progrès accomplis en quelques mois par la chanteuse au visage enfantin. Couché sur bandes en dix petites journées, sans assistance informatique et toujours sous la houlette de John Vanderslice, l’album répond pleinement à la volonté initiale de Samantha Crain de capturer la magie brute d’un moment, sans chercher à en gommer les éventuelles imperfections. Il en ressort une collection de folk-songs d’une profonde humanité, tout au long de laquelle l’Américaine évite en beauté l’écueil du polissage dans lequel trop de ses contemporains finissent par s’abîmer. Alors que nous pensions découvrir un disque de folk au féminin comme il en existe déjà des milliers, la native de l’Oklahoma rappelle que les plus grandes réalisations sont parfois celles dont nous attendons le moins.