Pour la deuxième fois de leur histoire, les Charlatans ont dû survivre à la disparition de l’un des leurs. Il y eut d’abord, au milieu des années 90, la disparition accidentelle du clavier Rob Collins. Un drame à la suite duquel les Mancuniens avaient accouché de l’indémodable « Telling Stories », grand disque sur lequel le groupe affirmait, à grand renforts d’hymnes britpop, sa volonté de ne pas baisser la garde. Il y eut ensuite le décès, à l’été 2013, du batteur Jon Brookes. Et une nouvelle fois, c’est par le biais d’un album important que la bande parvient à surmonter la tragédie.
De Stephen Morriss (New Order) à Gabriel Gurnsey (Factory Floor) en passant par le fidèle Pete Salisbury (The Verve), plusieurs proches se sont succédés derrière les fûts dès le début de l’année dernière, pour permettre l’achèvement de ce qui s’apparente finalement à l’une des plus belles réussites du groupe. « Talking in Tones » et son groove paisible donnent d’emblée le ton d’un disque chaleureux et teinté d’hédonisme west coast, en dépit de sombres circonstances. Plus loin, le groupe glisse quelques jolis clins d’oeil à ses jeunes années (« So Oh », « Come Home Baby »), puis se livre au jeu de la soul confessionnelle (« Keep Enough », arrangé par le prolifique Sean O’Hagan des High Llamas) avant de s’embraser sur un numéro de disco-funk-gospel flamboyant (« Let the Good Times Be Never Ending »). Enfin, en vieux briscards aguerris, Tim Burgess et ses hommes rappellent qu’ils savent toujours s’y prendre pour torcher, en toute décontraction, un petit tube aussi simple que diablement efficace (« Emilie »).
Ce douzième album en forme de bilan semble donc marquer une inévitable transition dans le parcours de ces vétérans de la pop anglaise. Le groupe, qui a su puiser dans son histoire la force de continuer, de se retrouver et de se renouveler, peut donc de nouveau avancer d’un pas confiant vers l’avenir.