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Iñigo Montoya – Interview

Iñigo Montoya, quatuor parisien, tire son origine de Mungo Park fondé par Pierre au chant et Quentin à la guitare, rejoints par Adrien à la basse et Louis à la batterie. Entretien avec le groupe, ponctué de franches rigolades, après leur concert au festival Cabourg Mon Amour.

IM promo 

Inigo Montoya, c’est la somme de Pierre Plantin et Quentin Convard de Mungo Park, d’Adrien Pallot, le fameux ingénieur son et, sur le disque, de Louis Delorme le célèbre batteur (Izia, Blind Digital Citizen) en tournée en ce moment et remplacé pour le live par Arnaud, le batteur de Rover. Qu’est-ce qui vous a réunis ?

Arnaud : Il y a de l’info !

Quentin : Il y a super longtemps, Pierre et moi étions au collège ensemble, Pierre avait un groupe qui lui a permis de rencontrer Adrien avant de former Mungo Park.

Adrien : Pierre est venu avec un groupe au studio où je travaillais. Il m’a envoyé des morceaux de Mungo Park que j’ai trouvés cools. A l’époque je travaillais aussi à Third Side Records où je trouvais des groupes et les produisais pour le Podium. C’est comme ça que Mungo Park s’est retrouvé sur le Podium, ainsi que Blind Digital Citizen qui nous a fait rencontrer Louis. Le temps a passé. On a eu envie de pousser quelque chose d’autre que Mungo Park.

Quentin : C’était une fin de cycle, on voulait essayer autre chose.

Adrien : On a eu la chance d’avoir un remix de Jackson And His Computer Band sur l’EP. Sa vision du mélange de l’électronique et de la pop nous a amenés à creuser cela de notre côté pendant trois ans. Entretemps, on avait une formule sous le nom de Mungo Park avec laquelle on a fait quelques concerts à trois sans batterie. On trouvait que cela manquait et Louis était partant pour rejoindre le groupe.

Pierre : On a rencontré Arnaud grâce à Louis. 

Une question qui me taraude, pourquoi ce nom ? Vous aimez l’escrime ou avez l’esprit de revanche ?

Q : C’était notre film préféré à Pierre et moi quand on était gamins (« The Princess Bride », de Rob Reiner, sorti en 1987, qui est une adaptation du roman du même nom de William Goldman, paru en 1973, ndlr) et on voulait un nom qui claque, tout simplement.

A : Et on a l’esprit de revanche quand même !

Avec Mungo Park, vous chantiez en anglais. Avec Inigo Montoya, vous faites plutôt partie de la scène electro-rock que je décris comme chantant en français sans faire de la chanson.

Q : On ne voit pas Brigitte Fontaine ou Etienne Daho, dont je suis un grand fan, comme de la chanson française mais plutôt comme de la pop. Qu’ils chantent en français ou en anglais, les morceaux sont cool. On n’a pas une grosse influence de la chanson française. On va piocher dans pas mal de musiques. On peut avoir dans nos morceaux un truc électro avec une rythmique dancehall en chantant en français par dessus.

P : On a passé du temps à développer toute la musique autour de ça même quand on chantait en anglais. Même si le texte avait de l’importance à l’écriture, il en avait moins sur scène. En français, il y a une histoire à raconter, la communication est plus simple face à un public francophone.

Inigo Montoya 2

En chroniquant votre EP, je décrivais votre musique comme faite de synthés et machines pour un beat electro de bout en bout. Vous interprétez sur scène “Hibag” un titre en anglais de Mungo Park, qui donne une autre dimension à votre musique ; était-ce une transition avec Mungo Park ou une possible option que vous ne vous interdisez pas d’exploiter par la suite ?

Q : Pas vraiment, on va certainement abandonner ce morceau qui est marrant à jouer.

P : Dans notre idée, on le jouait pour la dernière fois. Cela ne veut pas dire qu’on est fermé et qu’on ne veut faire que du français, on va faire ce qui nous plaît et aller là où on se sent bien.

Ce titre sonne plus rock finalement…

Q : Oui, c’est le seul sur scène qui n’est pas basé sur une boucle, sur lequel on bouge un peu.

A : C’est le morceau le plus ancien qu’on joue.

P : Cela ne veut pas dire qu’on ne fera plus jamais de chansons en anglais. Actuellement on vit à Paris, on s’adresse à un public français, on fait référence à des lieux parisiens (la Défense, des rues de Paris) qui n’auraient pas de sens en anglais. 

Vous avez joué lors de la release party de Blind Digital Citizen avec qui vous partagez un sens énigmatique des textes. Votre musique donne l’illusion de chansons festives qui ne le sont pas vraiment ?

Q : Elles sont ouvertes à toute interprétation. Elles ne sont pas ultra joyeuses

P : “Joie” peut être interprétée dans plusieurs sens, joyeux et sombre, à la fois. Le but est que les gens l’interprètent comme ils le souhaitent. J’ai eu des retours de gens choqués par le refrain “porté par la joie, j’ignore tout de notre sort mais porté par la foi, je te suivrai jusqu’à la mort”. Ils y voyaient quelque chose de religieux qui les mettaient mal à l’aise. On peut y voir l’extremisme religieux d’un kamikaze qui s’adresse à son Dieu ou simplement une déclaration d’amour.

Vous faites partie des cinq coups de coeur de l’équipe du festival Cabourg mon amour ce week-end. Jean-Baptiste Devay dit de vous “Ils ont une fraîcheur dans leur approche de la musique et pourtant une grande rigueur musicale, on est loin du groupe de pop-rock binaire, et il y a cette décomplexion du chant en français, cette simplicité d’écriture” Comment se passe ce processus d’écriture ?

Lucie Chérubin (manageuse du groupe) : c’est très juste.

Q : Cela fait beaucoup à commenter, c’est plutôt flatteur, c’est sympa de sa part. Pierre et moi faisons nos démos et on se les passe pendant quatre-cinq allers-retours pour avoir une bonne base. Ensuite Adrien ajoute sa touche, travaille les sons pour qu’ils sonnent mieux et on se retrouve en répétition avec Louis. Les boucles sont calées et Louis joue sur le détail rythmique, propose de modifier des breaks.

A : Les paroles sont écrites ou au moins l’idée directrice. Quentin aime bien faire des trucs compliqués qui ne sont pas binaires et pas faciles à jouer, il faut rester concentré en permanence.

P : Même si on s’amuse avec des rythmes complexes en cinq ou sept temps comme sur “Hibag”, il y a toujours l’idée de rester très direct. Cela rejoint les paroles, on va donner une liberté avec des mots assez simples à comprendre. On ne va pas chercher des mots de la littérature du 19ème comme certains groupes que je ne citerai pas.

Inigo Montoya 3

Votre EP s’intitule “InigEP01”. Est-ce que l’idée est d’en sortir une série, de prendre le temps du premier album, comme a pu le faire Blind Digital Citizen de 2011 à 2014 avant de publier “Premières Vies” par exemple ?

P : Peut-être que si l’on sort un album, il s’intitulera “InigLP01”

Cela fait penser à un numéro de série comme chez Factory Records.

Q : Le truc en série peut-être marrant.

A : On n’avait pas trop d’idée pour un titre d’EP, (s’adressant à Pierre) tu avais quoi comme idée ?

Q : Mettre rien ou juste la durée de l’EP

P : Je voulais l’appeler “Bible” (rires)

A : On n’avait pas d’autres suggestions. On veut que ce soit la musique qui parle. Trouver un titre pour un EP de 4 titres ne nous convenait pas. On préfère parler des morceaux.

Le numéro de série appelle à une suite ?

A : On espère mais on en sait rien… 

Pourquoi avoir choisi de mettre deux versions de “Joie” et de ne pas intégrer “Après le Serpent” parmi les cinq titres de l’EP ?

Q : Le sample de voix sur « Après le Serpent » est cramé. On voulait un sample de soul reconnaissable.

A : On voulait être réglo donc officiellement ce morceau n’existe pas vraiment comme ça on peut dormir tranquillement la nuit.

P : On dormirait quand même tranquillement car on ne se fait pas d’argent.

Q : Moi je n’aimerais pas qu’un gros manageur vienne nous défoncer la tête !

P : Il est en morceau caché sur le vinyle.

Inigo Montoya 4

Vous avez sorti l’EP vous même. Etes-vous en contact avec un label ? Je pense à Entreprise, division française de Third Side records qui avait sorti l’EP de Mungo Park ?

A : La volonté était d’aller vite car les morceaux étaient prêts et donc on avait envie de les sortir. On ne voulait pas entrer dans une stratégie de label. On voulait rester dans l’énergie de création, on était sur notre lancée. On voulait enchaîner et rester maître de notre avenir.

Si je vous dis Amarillo et Michelle Blades, à quoi cela vous fait penser ?

Q : Zeugl, ils font leurs clips et ceux d’Adrien Soleiman. Ce sont nos graphistes, ils s’occupent de nos pochettes, de nos projections sur scène (ndlr : pas présentées ce jour), ont fait le clip d’”Après le Serpent”. Ce sont des potes à eux, Romain et Victor, qui nous ont fait le clip de “Joie”. C’est cool de bosser avec les mêmes personnes régulièrement, cela donne une image cohérente, le cadre sur les pochettes avec les fonds qui changent selon le support (Deezer, vinyle). 

Ce qui fait penser à la Factory une nouvelle fois…

Q : On avait répondu à un interview sur les plus belles pochettes et j’avais répondu “Power, Corruption And Lies” de New Order, avec le Pantone qui fait usine. 

L’autre point commun est que vous avez joué au festival Pete The Monkey comme Amarillo et Michelle Blades.

P : On n’a pas vu Michelle Blades qui jouait le lendemain mais les membres d’Amarillo sont des potes qui jouent aussi dans Caandides via lesquels on a rencontré Zeugl qui leur font leurs projections visuelles. On ne se sentait pas l’âme de rock star, on jouait en formation électro à trois derrière nos machines, sans batteur, on se disait qu’il manquait quelque chose. On n’est pas graphiste, on aime leur travail et on leur donne beaucoup de liberté pour faire ce qui leur plaît. Ils nous ont fait le clip d’“Après le Serpent” et nous préparent actuellement celui de “Nuit Blanche”.

Il y a une bonne adéquation image/musique quand on regarde “Après le Serpent”.

P : On ne leur a pas donné une seule idée, on leur a donné le morceau, ils sont revenus avec plusieurs idées et on adore.

 

Vous êtes programmés dans des festivals d’été intimistes en Normandie pour finir par le conséquent Rock En Seine. L’été s’annonce studieux, comment abordez-vous cette prochaine échéance ?

P : On va jouer aussi à la Fête de l’Huma en septembre.

Q : Le but est d’avoir deux morceaux supplémentaires sur scène. On va aussi affiner les samples.

Quentin et Adrien, vous étiez conviés récemment à une interview footballistique. Inigo Montoya étant un personnage de roman et de cinéma, je vous propose deux questions sur le sujet pour finir.

Nous sommes à Cabourg, ville qui accueille un festival du film romantique où la passion, l’amour et la rêverie sont au cœur du récit. Quel film aimeriez vous y voir présenté ?

Q : La Rose Pourpre du Caire de Woody Allen.

P : Paris-Texas de Wim Wenders.

Arnaud : Je ne regarde que des pornos (rire général), c’est ma vision de l’amour. Emmanuelle ?

A : Alphaville de Jean-Luc Godard.

On retente une autre réponse auprès d’Arnaud…

Arnaud : True Romance de Tony Scott sur un scénario de Quentin Tarantino.

Cabourg était la villégiature préférée de Marcel Proust connu notamment pour l’expression qui signifie qu’un élément de la vie quotidienne, un objet ou un geste fait revenir un souvenir en mémoire. Quelle est vôtre madeleine de Proust ?

Q : Cela me l’a fait il y a peu de temps, c’est un peu ridicule, c’est la chanson “Go West” des Pet Shop Boys, que j’ai découverte à la campagne quand j’étais gamin et que je n’avais pas écouté depuis longtemps.

A : Cela recoupe avec l’interview pour So Foot… “Go West” étant l’hymne “Allez PSG”

Q : Pas mal, la boucle est bouclée.

P : J’en ai eu une il y a trois heures mais c’était un peu triste, c’est en voyant la rue commerçante, elles se ressemblent toutes en bord de mer. En y passant, je me demandais si j’étais déjà venu à Cabourg avec une ancienne amoureuse. En lui demandant par sms, elle m’a répondu que j’étais trop nul, que c’était Ouessant. Et là c’est fini définitivement…

Arnaud : Ma madeleine de Proust passe surtout par les odeurs (rire général), sans rapport avec le porno, je croise parfois une odeur de javel qui me rappelle celle de mon école primaire. Le porno, la javel…

A : Une cassette audio qui est au chaud chez moi, que je n’ai pas écoutée depuis dix ans et que je conserve religieusement, avec des histoires de Bioman et de Goldorak. Je rêve de la réécouter mais je n’ai pas de lecteur cassette.

P : Passe à la maison.

 

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