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Disques

Yung Simmie – Yung Smokey

Yung Simmie - Yung Smokey 

Le Raider Klan bouge encore. Le collectif, qui avait été l’une des sensations du début des années 2010 avec sa musique qui réinvestissait le son du Memphis rap de la décennie 90, n’est plus au centre des attentions, mais les artistes qui lui sont affiliés continuent de sortir des projets, certains de tout premier choix. C’est le cas d’Andrew Thomas, alias Yung Simmie, rappeur des alentours de Miami, le centre de gravité du Klan. Sorti au tout début 2015, son « Yung Smokey », une collaboration avec DJ Smokey, a été sans doute la première mixtape importante de l’année.

Le rappeur n’en est pas à son coup d’essai. Il a plusieurs sorties à son actif, notamment les deux éditions de « Shut Up and Vibe », en 2013 et 2014. Cependant, ce tout dernier projet annoncé par le single « Popeye », avec Cashy, est de première qualité. Yung Simmie y perfectionne son style, il y affirme sa patte à lui, ne se limitant pas à cette obsession pour les vieilles cassettes de la Three 6 Mafia, qui a caractérisé le son comme l’imagerie du Raider Klan. Ces ambiances glauques et gothiques sont bien présentes, dès « 2020 », ou plus tard sur « Spaceshift ». Mais en plus de cela, comme le suggère la pochette, il privilégie des sons lourds et nimbés, ainsi qu’un flow lent et saccadé, submergés dans les volutes du cannabis.

Pour accompagner le propos, DJ Smokey, quelques autres producteurs comme PurpDogg, et Yung Simmie lui-même, ont concocté une musique paisible et vaporeuse, soutenue tout juste par quelques instruments tranquilles, ici une guitare (« Spittin’ Cavities »), là une sorte de hautbois (« When I’m Bored »), ailleurs de très belles cordes soul (« Don’ U Copy 2 ») ou d’épaisses nappes de synthé poisseuses (« Sleep », « NBA (Ballin’ Hard) »), quand ils ne recourent pas à des beats encore plus dépouillés et minimalistes (« Grotto Flow », avec Denzel Curry).

Et les textes sont à l’avenant. Yung Simmie se présente sous les traits du délinquant froid et imperturbable, qui s’autorise tout et que rien n’émeut, menant au bord de la routine une vie faite de drogue, de filles et de drive-by. C’est en tout cas ce que suggère l’un des titres clé de la mixtape, « When I’m Bored », une litanie où il énumère de manière mécanique, sans grande conviction, les actes délictueux grâce auxquels il combat l’ennui ; lesquels, de fait, sont à peu près les mêmes que ceux qui composent ce qu’est, selon lui, une bonne journée (« Its A Good Day »).

Et puis, donc, surtout, partout, le rappeur du Raider Klan nous vante l’art de rouler et de fumer des joints, du titre introductif, le susmentionné « 2020 », au conclusif « Get High Song », où il affirme planer plus haut que nul autre. C’est ici le fil conducteur de la mixtape, ce qui dicte le propos comme le son, et lui permet d’approcher de très près la qualité et la solidité d’un vrai bon album.

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