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Disques

Michelle Blades – Ataraxia

Michelle Blades - Ataraxia

Si vous êtes Parisien, curieux, peut-être avez-vous déjà croisé la trajectoire de Michelle Blades en concert, au gré de ses différentes formations. Je l’ai connue timide, seule derrière son ukulélé, puis les années ont passé, j’ai appris à connaître et apprécier la personne derrière l’artiste. Dans le même temps, l’ukulélé était remisé au placard, le niveau sonore s’élevait, empruntant la même trajectoire que la qualité des chansons, qui semblent désormais irriguées de toutes les expériences de la Panaméenne.

“Ataraxia” n’est pourtant pas un simple et vain catalogue d’influences. Il est au contraire un disque profond et cohérent dans son propos. Il faut juste s’attendre à se faire parfois surprendre, et/ou secouer, comme sur l’enchaînement “How Many Shadows Do I Lay On” (d’un folk calme) à un très punk dans l’âme (et le son) “Needles in Your Pockets”, expédié en moins de deux minutes. On y ressent déjà le goût de la surprise de la musicienne (des claviers inattendus surgissent à l’improviste), mais on apprécie aussi la souplesse vocale de Michelle Blades et la production, en équilibre parfait entre énergie et polissage.

 

Si “Subtropical Suburban” surfe encore sur une veine rock (avec un peu de salsa dans les veines – on y reviendra), c’est après qu’arrive le morceau de choix, puisqu’il s’agit d’une trilogie de titres fondue en un seul. “Crush! I Went To Your Party / Fever Song Obsession / Crushed Operator!” tient plus de la pièce de théâtre en trois actes, qui semble s’enchaîner dans un parfait fondu malgré les différences stylistiques – une fois de plus – avec lesquelles jongle Michelle Blades.

Moins épique par sa forme, la suite ne manque pas de panache, avec son lot d’audaces : nappes de clavier qui viennent s’intercaler, guitares qui grondent, rappel de l’influence salsa héritée de la famille (“La Armada Cubana”), les beaux moments s’enchaînent. Un passage folk des plus réussis (“Going to Bars to Drink Alone”), mais aussi une intrusion sur des terres plus arrangées (“Saturnino”) ou une ballade remarquable en clôture (“Risk Fruit”) témoignent du goût de la jeune femme pour écrire des chansons à tiroirs, que l’on ouvre avec toujours le même plaisir. Singulière, Michelle Blades signe donc un disque à son image, et dont la générosité incite à l’écoute fréquente et répétée.

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