« Everything is like Pompei » – tout ressemble à Pompéi, c’est ce que nous dit Heather Nova au début de « The Archaeologist », l’une des très bonnes chansons de « The Way it Feels », ce nouvel album de la chanteuse. Et de fait, pour l’auditeur-archéologue, rien ne paraît avoir changé : on retrouve avec un plaisir non dissimulé Heather Nova qui ne semble pas avoir pris la moindre ride. Sa voix est restée intacte, avec les mêmes intonations, les mêmes épanchements que sur « Oyster » (1994) ou sur « Siren » (1998), ces albums dans lesquels l’amateur de pop que je suis se replonge toujours avec bonheur. Sur ses nouveaux titres, la chanteuse semble toujours donner à écouter sans fard les moindres vacillements de son âme, une âme bercée par l’océan et la nature – des thèmes encore très présents sur « The Way it Feels ». Emotions à fleur de peau, parfois au bord de l’éruption, et grand large.
Et puis, et c’est probablement le plus important, Heather Nova a su préserver son don pour l’écriture de morceaux pop lumineux : « Sea Glass », « This Humanness », « The Archaeologist » donc ou ce « Moon River Days » final qui fait un joli clin d’oeil au « Moon River » interprété par Audrey Hepburn, enchantent immédiatement. Si quelques morceaux (très peu) sont un peu moins forts, les douze titres sont servis par une production riche et léchée qui rappelle celle de « Siren » : guitares en arpèges étincellants, orgues chaleureux, sections de cordes généreuses, voix multiples, pedal steel guitar, ukulele, percussions singulières… Sur « The Way it Feels », tout montre que sous la croûte qui semble figée dans le temps, le magma d’Heather Nova bouillonne encore.