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Disques

Hot Chip – Why Make Sense?

On ne présente plus Hot Chip, le groupe capable de remplir la Gaîté Lyrique en six minutes ! Que peut-on attendre d’un sixième album studio des Londoniens et de leur électro-pop après nous avoir gratifié de « In Our Heads » ? Voilà le postulat de départ en appuyant sur la touche play

Avec une précision métronomique, le groupe avait publié depuis 2004 un album tous les deux ans. « Why Make Sense? » vient rompre cette tradition, peut-être le temps nécessaire pour mettre au point l’impression sur mesure du disque, utilisant 501 couleurs différentes et rendant chaque exemplaire unique. Certains sont enrichis d’une édition de quatre titres bonus qui ne sont pas encore parvenus jusqu’à nos oreilles. Qu’importe, les dix titres suffisent déjà à nous enthousiasmer.  

Première surprise à l’écoute de « Why Make Sense? », celle de laisser l’album défiler, de revenir au point de départ et de recommencer sans s’en apercevoir. On remarque bien que le disque tourne en boucle, sans parvenir pour autant à en interrompre le déroulement. Comment font-ils ?

La quête de sens débute par « Huarache Lights » : dès les premières secondes, les voix vocodées se chargent de nous rappeler l’intérêt du groupe pour la robotique en tout genre, de la créature venue d’ailleurs au « hubot » de demain. Mais Hot Chip ne serait pas Hot Chip sans sa capacité à faire dodeliner de la tête, euphémisme de ce qui devient sans effort un déhanché. On alterne entre les futuristes « Huarache Lights » et « Cry For You » aux synthés, et les groovy « Love is the Future » et « Started Right ». Le premier accueille un sample de voix féminine, celle de First Choice sur “Let No Man Put Asunder”, le second celle de Kelvin Mercer déclamant son flow, le tout surmonté d’un final de cordes. Dans l’interview qu’il nous accordait, Joe Goddard pouvait citer une influence pour chacun des dix titres, de « Caught Up » d’Usher à « Get Down Saturday Night » d’Oliver Cheatham, en passant par “Love for the Sake of Love” de Claudja Barry ou encore le récent album de D’Angelo.

En lisant le titre de « White Wine and Fried Chicken », on ne s’attend pas à trouver un morceau au tempo lent, l’un des deux avec « So Much Further to Go ». Ils ne souffrent toutefois pas la comparaison avec « Look at Where We Are » sur « In Our Heads ». C’est plutôt pour « Dark Night » que l’on s’emballe. Si la signature vocale de Hot Chip est majoritairement associée à Alexis Taylor, l’apport de Joe Goddard est ici précieux. L’autre réjouissance des compositions réside dans les fréquentes ruptures de rythmes, les chemins de traverse qu’emprunte un « Easy to Get » du funk à la house, tendance garage. Ce qui nous mène à « Need You Know », l’addition addictive ou addiction additive de la recette qui leur donne une longueur d’avance dans la conception d’une musique hybride et moderne.

Hot Chip maîtrise l’art du storytelling musical, un morceau incipit, une chanson de conclusion, et entre ces deux chapitres, de nombreux rebondissements aux synthés et machines entrecoupés de quelques slows pour ralentir le tempo. Au fil des écoutes, on est tenté de faire allusion à un autre tandem de compositeurs, celui des casqués Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo et leur « Random Access Memories ». A grand renfort de batteries et de chœurs, « Why Make Sense? », le morceau, referme « Why Make Sense? », l’album. On imagine Hot Chip remonter à bord de son vaisseau rétrofuturiste pour une mise en orbite jusqu’au prochain album. Et recevoir de chacun des membres quelques nouvelles de leurs projets parallèles. 

 

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