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Villagers – Darling Arithmetic

Villagers - Darling Arithmetic

On avait découvert Villagers avec « Becoming a Jackal » avant de garder durablement en tête le puissant « Nothing Arrived » extrait du second album « Awayland« . Salué à deux reprises par la critique sans pour autant jouer en terrain conquis, le songwriter irlandais s’employait à une pop riche d’instrumentations dont il s’est libéré pour « Darling Arithmetic ». Les premiers extraits laissaient pressentir que nous allions chérir cette troisième réalisation.

Si Villagers est le projet solo de Conor J. O’Brien, ses deux premières productions avaient été réalisées en studio, faisant l’objet de collaborations. Pour « Darling Arithmetic », il a procédé autrement, refusant une nouvelle fois de se reposer sur ses acquis. C’est chez lui, dans une ferme au nord de Dublin, pendant huit mois, qu’il a écrit, enregistré, produit et mixé neuf chansons, à l’abri des regards. Le résultat est un album très personnel, intime même, qui parle d’amour tantôt romantique, tantôt mélancolique, parfois sensuel, une invitation à l’étreinte.

L’album s’ouvre sur « Courage », premier extrait annonçant par le menu la couleur : une ballade folk dépouillée guitare-voix comme il en existe tant. C’est pourtant l’une des plus belles chansons qu’il nous a été donné d’entendre dernièrement. Il y est question du courage de devenir soi-même et de s’assumer : « It took a little time to get where I wanted / It took a little time to get free / It took a little time to be honest / It took a little time to be me. » Parce qu’on ne peut aimer qu’en s’estimant soi-même, l’album se poursuit sur « Everything I Am is Yours » et « Dawning on Me », ballades enrichies d’un piano. On peut lire dans l’interview qu’il nous a accordée, que l’environnement du bord de mer a joué un rôle dans la composition des chansons, il faisait beau, il s’asseyait sous un arbre, on entend les oiseaux chanter à la fin de « Dawning on Me » et « Hot Scary Summer ». Cette dernière est tout simplement d’une beauté à couper le souffle, pour ne pas dire à pleurer, lorsque Conan monte sa voix sur le refrain « I live inside you and you live in me ». Cette beauté est le fruit d’une maturité, la somme de brillantes mélodies et de textes introspectifs dont se dégage un sentiment d’apaisement. En cela, « The Soul Serene » qui précède « Darling Arithmetic » aurait tout aussi bien pu donner son titre à l’album. Conor J. O’Brien dit avoir écouté pas mal de soul et de country, influences que l’on entend légèrement sur « Little Bigot », titre plus enjoué sur lequel les voix s’entremêlent, se refermant sur des choeurs. D’un titre à l’autre, la musicalité de la voix est plurielle, cristalline et fragile sur « No One To Blame ». La conclusion sur « So Naïve », nous suspend à un accord linéaire, un fil d’ariane dont on guette la cassure. Elle intervient quand on s’y attend le moins, suscitant la frustration d’une fin prématurée. Conor J. O’Brien a voulu un disque court pour emmener l’auditeur jusqu’au bout. Objectif réussi pour ce qui s’avère être l’un des plus beaux albums de ce début d’année et le plus abouti dans la jeune carrière du songwriter. 

Villagers propose « Companion To Darling Arithmetic », playlist d’une vingtaine de chansons écoutées pendant l’enregistrement du disque et révélant les influences dont certaines sont à retrouver dans l’interview

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