Découvert il y a une dizaine d’années grâce au label Fargo, qui porta dans nos territoires la bonne parole de l’initial « Birds at Home », Alamo Race Track n’en a visiblement pas fini de ses obsessions ornithologiques (« Hawks »). Sur un plan musical, la troupe d’Amsterdam a toujours plus ou moins souffert du poids de ses inspirateurs. Si on le compara, à ses débuts, aux Strokes autant qu’à Sparklehorse ou Radiohead, le groupe évoque encore aujourd’hui certaines figures de proue du paysage indie-rock. Arcade Fire (« Everybody Let’s Go ») ou Alt-J (« It’s Bad Luck ») sont ainsi suggérés au fil d’un disque qui ne doit pourtant pas être résumé à la somme de ses influences. C’est le paradoxe qui habite le travail des Néerlandais depuis leurs débuts, et qui atteint ici son paroxysme : on a beau y entendre tout un tas de références, l’univers d’Alamo Race Track ne ressemble véritablement à aucun autre.
Après un détour réussi par la pop baroque (« Unicorn Loves Deer », 2011), A.R.T. opte ici pour une atmosphère plus théâtrale, sans doute inspirée par sa récente collaboration avec le metteur en scène Jakop Ahlbom. Tout au long de l’album, Alamo Race Track dégage, en tant que groupe, un sentiment de cohésion toujours plus évident. Impression forte d’unité à mettre, en partie, au crédit du travail des harmonies vocales. Celles-ci ne sont pas de vulgaires trompe-l’œil visant à masquer une écriture déliquescente. Au contraire, elles apparaissent comme le puissant catalyseur permettant au groupe de viser toujours plus haut. Avec ses chansons imprévisibles qui fourmillent de détails, « Hawks » permet à Alamo Race Track de reprendre en main le chantier de la pop insoumise laissé en plan depuis l’abdication d’XTC. Ralph Mulder et ses condisciples poursuivent ainsi leur vol majestueux vers les cimes de la pop moderne.