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Disques

Ryley Walker – Primrose Green

Ryler Walker - Primrose Green

Mettre le disque d’un parfait inconnu sur la platine, et se retrouver d’emblée happé : c’est de plus en plus rare, mais cela arrive encore. Ici, le morceau s’intitule “Primrose Green” et ouvre l’album du même titre, le deuxième de l’Américain Ryley Walker (après “All Kinds of You” l’an dernier), paru sur le label Dead Oceans. Ce n’est pas une impression d’inédit qui nous frappe, plutôt de déjà-entendu au contraire : tout ici rappelle le Tim Buckley des années fauves, et en premier lieu la voix, même si elle ne s’aventure pas jusqu’aux confins qu’aimait explorer l’auteur de “Starsailor”.

Ryley Walker, 24 ans, issu de la scène free/noise de Chicago, fan de Sonic Youth et d’Albert Ayler mais visiblement converti à des sonorités moins agressives, serait-il un revivaliste resté bloqué sur la charnière 60’s-70’s, quand le folk s’émancipait et allait chercher du neuf du côté du jazz ou des musiques non-occidentales ? La pochette accrédite cette hypothèse, avec son lettrage rétro et ses superpositions de photos rappelant celle de “Astral Weeks” de Van Morrison (un nom qu’il cite volontiers). L’allure du garçon elle-même nous renvoie quelques décennies en arrière.

Pourtant, il n’est pas indispensable d’avoir usé les disques de John Martyn, Bert Jansch ou Davy Graham (hormis Buckley et peut-être Vince Martin, ses influences sont plutôt britanniques même si “Same Minds” n’est pas sans évoquer l’immense Terry Callier) pour apprécier “Primrose Green”. Il suffit d’admettre qu’une chanson n’est pas forcément fondée sur l’alternance couplet-refrain, qu’elle peut être davantage de l’ordre de la dérive et de la rêverie. Des titres comme “Summer Dress” ou “Sweet Satisfaction” semblent ainsi s’inventer au fur et à mesure à partir d’une poignée d’accords, dans le plaisir d’un jeu collectif où chacun contribue à porter à ébullition la matière sonore. “Primrose Green” paraît d’ailleurs avoir été enregistré dans les conditions du live, ou du moins avec très peu de post-production, et ce son “naturel”, au plus près des instruments, n’est pas le moindre de ses attraits.

Si Walker est un très bon chanteur (bon, peut-être pas autant que Scott…), on peut trouver que c’est sur les longs passages instrumentaux que le disque atteint des sommets, échappant à l’exercice de style “à la manière de” pour trouver sa propre liberté. S’il veut évoluer, l’Américain devra sans doute se dégager de références encore trop appuyées ; ces dix morceaux montrent en tout cas qu’il a le potentiel pour aller (et nous emmener) loin.

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