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ZMoney – Green Dot

ZMoney - Green Dot

Figure émergente de l’année rap 2013 à Chicago, où il a proposé une alternative plus drôle et plus légère à la drill music locale, ZMoney a vu son ascension freinée en 2014. Après n’avoir pas respecté les conditions de sa probation, le rappeur s’est retrouvé pour un certain temps derrière les barreaux. Cependant, cela ne l’a pas empêché, en janvier 2015, de s’appuyer sur ses potes pour sortir une nouvelle mixtape depuis sa prison, à la Gucci Mane, à quelques semaines à peine de sa sortie. Et si ce Green Dot sent un peu le réchauffé (il compte plusieurs titres déjà entendus ailleurs, notamment sur la Mobb Tape), il se montre toutefois plutôt bon.

Produite en majeure partie par J Neal, en quelque sorte le producteur attitré de Zernardo Tate (le vrai nom du rappeur), cette mixtape parle, comme de bien entendu, de la trinité habituelle, celle de la dope, des filles et de l’argent, mais en insistant plus lourdement sur le dernier terme. On ne s’appelle pas ZMoney pour rien, et on n’intitule pas par hasard sa sortie du nom d’une carte de crédit prépayée, devenue en prison la devise principale du marché noir entre détenus.

Dès une introduction, « Live From the County », où ZMoney s’exprime au téléphone depuis son lieu d’incarcération, et où il précise qu’il y vit les poches pleines, il n’est question que de cela. De flouze, de thunes, de fric. Que l’on parle de poudre blanche, ou de prostituées, tout revient à s’en mettre plein les fouilles (« 4 Keys Coke », « Bundles ») ; les fauchés, c’est les autres (« U Broke ») ; le meilleur des passe-temps, c’est de compter ses biffetons (« Count this Money ») ; et bien sûr, ceux-ci attirent les filles comme des mouches (« Want My Money », en bonus).

ZMoney, aussi, est fier. Il est insolent, il est outrecuidant, à l’extrême, comme quand il se proclame une « Drug Star » ; comme aussi dans ce « Public » qu’il partage avec King Louie, un morceau où les deux rappeurs les plus captivants de Chicago citent toutes les horreurs (consommer toutes sortes de drogues, montrer ses attributs…) auxquelles, dans leur glorieuse impudence, ils imaginent se livrer en public. Cette méthode de l’énumération, on la retrouve aussi sur « Right Now », avec ses compères Brickfare et King Ko, sur « Since A Youngin' », et ailleurs encore.

Avec ces techniques, ZMoney emprunte la voie autrefois inaugurée par Gucci Mane, où il s’agit de cumuler toutes les marques d’irresponsabilité possibles, et de les souligner par des rengaines régressives et enfantines. Ce n’est plus aujourd’hui un chemin, mais une autoroute balisée. Et pourtant, le rappeur de Chicago nous emmène encore un peu plus loin dans cette direction, il en renouvelle quelque peu le paysage, servi par son ton détaché de dilettante et par une posture de gangster ahuri. Vivement que, maintenant sorti de prison, il y donne à nouveau libre cours, si possible avec un projet aussi plaisant mais plus abouti que ce « Green Dot ».

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