Loading...
Concerts

Entreprise Label Night – Festival A Nous Paris Fireworks – Point Ephémère – Paris – 23 février

Paris, un soir de février, la programmation du festival A Nous Paris Fireworks s’affiche dans de multiples salles de la capitale. Parmi elles, celle du Point Ephémère accueille un label qu’on suit attentivement, celui des disques Entreprise. Au programme, trois groupes français : Bagarre, Blind Digital Citizen et Grand Blanc. Le premier et le dernier ne sont pas encore sélectionnés parmi les dix lauréats du prix Deezer-Adami que la soirée se joue déjà à guichets fermés.

Bagarre 

On arrive aux abords du canal Saint-Martin pour l’ouverture des portes.

« Bonsoir, nous sommes Bagarre, Bonsoir, Bonsoir, Bonsoir, nous sommes Bagarre », c’est ainsi qu’entrent en scène les cinq membres du groupe, vêtus de bleus de travail, le cou orné de chaînes dorées. Certains ont pensé à s’affubler d’un pseudonyme, il y a Emmaï Diamant (Emma) au synthé, Mus(tapha) à la batterie, Cyril aux machines, Thom Loup (Thomas) et La Bête (Arthur) alternant guitare et chant. Ils entament leur set par « Querelle », titre qui a précédé la parution du premier EP « Nous sommes Bagarre », la dispute en préambule de la baston, « Ecoutez-moi, écoutez la querelle, bagarre pastel » sur fond de house music. Puis viennent deux chansons ne figurant pas sur le court EP de 3 titres, « Minuit » et « Belle et moi ». Bagarre revisite les contes traditionnels où les princesses, une fois la nuit tombée, côtoient les loups-garous. Les textes s’entremêlent aux synthétiseurs, tout comme les voix, grave d’Arthur et aigüe d’Emma sur « L’étrange triangle ». Thomas revient au centre de la scène pour « Faim de Loup », probable emblème du groupe à en juger par l’artwork représentant au feutre une meute tenant le disque de Bagarre ! Chaque titre s’entrecoupe du même leitmotiv « Bonsoir, nous sommes Bagarre ». On serait tenté de leur décerner la palme de la politesse. A moins que ce ne soit l’art de la répétition pour marteler le titre du disque… Le groupe entreprend « Nous étions cinq », si l’on apprécie particulièrement la façon de faire se chevaucher voix masculine et féminine et le renfort appuyé d’Emma au choeur, on a parfois mal d’entendre les voix se casser dans les montées en force. On redescend d’un ton avec le single qui, à la fin de l’été, nous a fait durablement retenir le nom de Bagarre. Avec « Mourir au club », le groupe illustre parfaitement sa maîtrise d’un phrasé scandé propre au hip-hop additionné de nappes synthétiques et de boîtes à rythmes. Pour signifier ses influences techno, le groupe livre un cover de « The Man with the Red Face » de Laurent Garnier, avec « La Bête voit rouge », une bête amoureuse qu’il faut tuer et répétant inlassablement « je t’aime » ici au son de la clarinette. En ouvrant les hostilités de la soirée, Bagarre met haut la barre pour les groupes à suivre. 

Blind Digital Citizen 

Et c’est à Blind Digital Citizen d’assurer la transition. Parmi les trois groupes à l’affiche, c’est celui dont l’écoute préalable nous avait laissé mi-figue mi-raisin, comme une sucrerie acidulée dont on ne sait si c’est bon ou si cela pique ou un mélange des deux, cristallisant ainsi curiosité et attention sur ce qui va suivre. Le groupe se compose de François au chant et à la guitare, Jean au chant et machines, Florent au chant et synthé, Charles à la basse et au synthé et Louis à la batterie. Le quintet se présente dans une configuration sans éclairages directs, quelques faisceaux lumineux viennent se réfléchir dans une scénographie faite d’une pyramide au premier plan et d’un triangle au second plan. Difficile de prendre des photos dans ces conditions. Le groupe ouvre avec « 3645 » qui figurera sur l’album « Premières vies » à paraître fin mars avant d’enchaîner avec l’un de leurs premiers titres paru en 2012 sur « Le Podium #5 ». « Reykjavik 402 » est la métaphore de l’univers du groupe, une étendue de territoires inexplorés. On pense à H.F. Thiéfaine côté voix, à Pink Floyd pour le rock progressif des guitares se mêlant aux synthétiseurs de Zombi. Une trompette fait son apparition sur le titre « DVEK », titre que l’on découvre au même titre que les suivants « Palais de Cristal », « Parachute » et « Fantôme » donnant un aperçu de l’album. On reconnaît alors « Ravi » qui ouvre le second EP éponyme, ce titre plus techno nous laisse imaginer que si Grand Blanc n’avait pas été la tête d’affiche de la soirée, Blind Digital Citizen aurait mérité de clôturer le triple concert, pas uniquement pour le caractère explicite des paroles – « ravi que ça vous plaise, c’est quand qu’on baise ? ». Ce titre, tout comme « Enfant flamme » fait l’objet d’un remix. Avec « War », on se dit que Blind Digital Citizen est le genre de formation qu’il convient d’aller apprécier sur scène, l’enregistrement ne permettant pas d’apprécier toute l’intensité dont les musiciens font preuve. 

Grand Blanc 

On cumule un peu de retard entre les changements de plateaux et c’est sur le coup de 23h que Grand Blanc arrive sur scène. C’est en grande partie sur leur nom que le Point Ephémère affiche complet. Et c’est leur convaincante prestation aux dernières Transmusicales qui nous a donné envie de les revoir dans une ambiance plus intimiste. Comme à Rennes, Benoît (chant, guitare), Camille (chant, claviers), Luc (machines) et Vincent (basse) amorcent leur set par « Degré zéro », titre qui ouvre leur premier EP. Cette fois, pas de confusion dans le partage du refrain entre Camille sur « élan de l’âme, élan de la mélancolie » et Benoît sur « noirceur, petite soeur, ce que tu as grandi ». Ils enchaînent avec « Nord ». On alterne entre couplets lancinants et accélérations matérialisant le refrain mutique. Camille fait un pas de côté pour onduler et aborder « L’homme serpent ». Séquence émotion, « Montparnasse » vient mélancoliquement contraster l’ambiance des premiers morceaux. C’est avec ce titre, quelques mois auparavant, que Benoît nous faisait penser à Patrick Dewaere répétant « faites moi taire ». Dernier single en date, « Au revoir chevaux » est le cover de « Goodbye Horses » de Q Lazzarus (popularisé par une scène du film « Le Silence des Agneaux »), également revisité par Jon Hopkins. Comme « Nord », « Feu de joie » est l’une des démos de début 2013 non reprise sur l’EP paru il y a quelques mois mais qui aura toute sa place sur un album. Pas de petit souci technique cette fois, en deux mois, le groupe a eu le temps de roder son set dont les titres s’enchaînent à l’identique. Benoît demande au public d’écouter attentivement la chanson qui suit évoquant l’adolescence, le foot et la Lorraine, il s’agit de « Petite Frappe ». Il remercie le festival, la salle, le label et les groupes qui les ont précédés avant de mettre un point final à la soirée avec l’incontournable « Samedi la nuit ». Passé l’effet de la découverte scénique, on ne boude pas notre plaisir d’avoir revu l’une des révélations de 2014. On attend maintenant que l’essai se transforme dans un long format.

 

Mention spéciale au festival A nous Paris Fireworks d’avoir permis au label Entreprise de donner à entendre la cohérence de ses signatures qui ont pour dénominateur commun de chanter en français sans faire de la chanson. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *