Je n’étais pas encore très familier de l’oeuvre de Vincent Dupas, qui se cache sous le nom très joliment référencé de My Name Is Nobody. On avait pourtant déjà mis des mots sur sa musique, jamais complaisante, toujours inspirée et profonde. Ce parfum, cette atmosphère, à la fois coin du feu et plein coeur de forêt, entre lieu confiné et volonté d’embrasser des paysages que l’on fantasme aisément. Bois, chaleur, ferveur, plénitude : des mots et des sensations pour un disque qui s’attache avec une délicate retenue à panser les plaies de celui qui l’écoute.
Il y a la voix de Vincent Dupas, un peu en retrait dans le mix, ces notes en suspension, quelques éclairs de piano et des trouées de lumière par des guitares. Les morceaux, longs et sinueux, ne sont pour autant jamais laborieux : les choeurs de “Sleeping Bat Dunes” ou “Lifeline” ont cet effet qui permet de faire toujours le pas de plus. Avec la profondeur des mélodies, qui ont su revenir à l’essence-même du folk et de la country, celle d’histoires racontées, sans cesse meilleures à la relecture, qui savent ainsi s’élever toujours un peu plus haut. Même en montant dans les cimes, My Name Is Nobody ne nous perd pas, et se montre un sherpa dont le pas sûr en fait le parfait compagnon pour un “Safe Travel”, vous l’aurez compris, de haute volée.