Une anthologie de 20 ans de carrière qui comporte au total 58 titres tout en ne s’aventurant jamais sur les albums est forcément l’oeuvre d’un musicien prolifique, ce qui est le cas de Kim Giani. Au travers de ces 2 CD, c’est donc un ensemble de titres disparates, tant dans leur époque d’écriture que dans leur style (les deux étant liés) : Kim a pris le parti de mettre ça dans toute sa variété, il faut donc piocher.
Un bon conseil : ne pas s’arrêter aux titres des chansons non plus ! “Max Pecas”, “Rastafari, Ganja, People” (déjà entendue live), “Ice Cream” ou “Pascal Sevran” ne sont que quelques exemples de ces chansons aux styles qui passent d’un rock lo-fi à un proto reggae-pop, tout en touchant par moment au folk, sans oublier une collection de petites pastilles musicales concoctées pour le blog Coussinet du musicien.
Sur le premier disque, 34 titres, qui remontent parfois à l’adolescence du musicien (je n’avais pas mué, dit-il), pour un patchwork souvent réjouissant dans l’énergie et le côté brut qui s’en dégage. Les morceaux les plus réussis, tels “Max Pecas”, “Sleep in Bag (part 2)”, “Could You Believe (part 2)” ou “A Guy Called Harold” montrent pourtant vite qu’il y a de vraies mélodies, que la forme ne nuit pas au pouvoir de séduction de ces chansons, qui s’enchaînent finalement sans que le disque ne montre de signe d’essouflement. Au contraire, cela permet au disque de rebondir, de passer de façon salutaire d’un folk triste (“The Things You Said”, reprise de Martin Gore) à la voix juvénile du musicien à ses débuts ou presque (“1964”), à y glisser une reprise tout en guitares crasses de New Order (“Love Triangle”) ou à un pastiche réussi de Calexico (“Mexican Café”). L’ensemble n’est pas forcément facile à suivre ou appréhender, mais il est un rappel de la générosité de Kim.
Sur le CD 2, la production est bien différente, elle évoque le travail parfois moins connu de Kim, qui ne se contente pas d’être un trublion pop, animateur de soirées open mic ou accompagnateur. On l’y découvre dans un registre plus contemplatif (“Climatique”, long de presque 21 minutes, superbe dans son dénuement instrumental), triste aussi (“Christmas Song”, blues, ballade pluvieuse sublimée dans cette version). On y trouve aussi des pépites, “Pop In”, géniale chanson pop entraînante au possible, ou “Mali”, un hommage tout en délicatesse au blues du pays. Plus fort encore, les différentes morceaux de son blog Coussinet sont autant de réussites, au même titre que les différentes BO, à chaque fois touchantes, efficaces et séduisantes sans racoler. J’y ai personnellement redécouvert Kim, un talent généreux qui a encore acquis d’autres dimensions à mes yeux, réaffirmant si besoin était son statut de musicien aussi généreux qu’inspiré.